Par Octave
A Git chabes!
Alors que je célèbre ma Bar-Mitsva, je suis heureux de partager avec vous mes réflexions sur le début du chapitre 37 de Berechit, “la Genèse” que je viens de vous lire.
Ma dracha s’intitule “Réflexions sur la famille de l’homme aux songes”.
La paracha Vayéchev nous présente Jacob demeurant dans le pays de Canaan, entouré de ses quatre épouses et douze fils. Joseph, son fils préféré, est le personnage central, doté d’une tunique spéciale et colorée, appelée “ketonet pasim,” qui a été offerte par son père. Cette tunique devient source de discorde, alimentant les tensions entre Joseph et ses frères. Les songes de Joseph, prophétisant sa domination, provoquent la colère de ses frères, qui complotent pour le tuer, finissant par le vendre à des marchands madianites. Ils trompent Jacob en trempant la tunique dans le sang d’un chevreau pour lui faire croire à la mort de Joseph.
Je me suis interrogé sur les raisons qui font agir chacun des membres de la famille dans cette histoire.
En effet, à ma première lecture de Vayéchev, j’ai immédiatement classé les personnages en bons et méchants. Joseph et Jacob semblaient être les bons, tandis que les frères de Joseph étaient les méchants.
Cependant, après réflexion, j’ai compris que chacun avait ses motivations, même si elles n’étaient peut-être pas moralement justifiables, mais elles étaient légitimes du point de vue de leur propre perspective.
Quelle sont les raisons qui font ainsi agir les frères ?
C’est la plus évidente, ils n’arrivent pas à contrôler leur jalousie et se conduisent comme des sauvages sanguinaires. Mais leur bassesse reste tout simplement humaine même si elle est meurtrière.
Quel membre d’une fratrie peut supporter d’avoir son frère ou sa sœur préférée par ses parents ?
Quelle sont les raisons qui motivent Joseph ?
Joseph, en partageant ses rêves, a peut-être involontairement provoqué la colère de ses frères.
Était-ce de la naïveté de sa part, un manque de sensibilité, ou une forme de provocation consciente ?
N’oublions pas que Joseph ne cessait de rapporter à Jacob des médisances au sujet de ses frères.
Pour quelle raison, Joseph méprisait-il donc ainsi ses frères ?
La motivation de Joseph est peut-être qu’il avait une forte opinion de lui-même, même si elle est justifiée.
Quelle sont donc les raisons qui motivent Jacob ?
Jacob, en favorisant ouvertement Joseph, a peut-être involontairement alimenté les tensions au sein de sa famille. Voilà ce qui se passe quand des parents font des préférences entre les enfants. Son choix a eu des répercussions profondes, modifiant le cours de l’histoire des siens mais aussi du peuple juif.
Jacob est à la tête d’une grande famille qui doit faire face à de nombreux défis. Il est donc compréhensible qu’il choisisse l’héritier le plus capable pour lui succéder ; celui qui lui ressemble le plus.
Selon Rachi, Joseph avait les mêmes traits de visage que Jacob. Son portrait craché! Rachi rappelle aussi que tout ce qui est arrivé à Joseph est arrivé auparavant à Jacob.
Dans une récente lecture de la Paracha Toledot, nous avons vu comment Jacob et Esaü ont négocié un droit d’aînesse contre un plat de lentilles avant qu’Esaü, floué par son frère, cherche à l’éliminer. Les dissensions familiales, en particulier entre frères, sont un thème récurrent dans la Genèse.
Ces histoires répétitives ressemblent à des feuilletons télévisés qui racontent la bassesse humaine et comment la haine empêche de contrôler ses actes. Rappelons-nous du meurtre d’Abel par Caïn.
Les motivations contradictoires de Jacob, de Joseph et ses frères me font penser à une réplique célèbre du film la Règle du Jeu de Jean Renoir, que j’ai vu récemment avec mes parents :
“Le plus terrible dans ce monde c’est que chacun a ses raisons”.
L’histoire de Joseph et ses frères nous invite à réfléchir à nos propres actions et décisions.
Comment pouvons-nous nous assurer que nos choix renforcent les liens familiaux et amicaux plutôt que de les affaiblir ?
Comment pouvons-nous contribuer à l’unité et à la compréhension au sein de nos familles et de nos communautés ?
Pour terminer, je citerai Le Gaon de Vilna qui a les mêmes origines que ma famille paternelle. Celui-ci a écrit au XVIIIème siècle dans “Kol Hator” que la controverse entre Joseph et ses frères se produit à chaque génération et qu’elle entrave la délivrance finale.
Il veut parler de la venue du Messie. Il veut dire que la haine retarde la venue du Messie.