Bonjour à tous,
Je dispose de 420 secondes pour mon discours m’a dit notre rabbin Monsieur Krygier. La clepsydre se vide, oh mais savez-vous ce que c’est une clepsydre? Eh bien c’est une horloge à eau dont les gouttes égrènent les secondes…
Alors Top ! Départ !
Devenir adulte et responsable passe par des rites initiatiques.
Dans certaines cultures, c’est une épreuve de bravoure qui montre le courage et la détermination dont le jeune adulte fait preuve.
Pour le judaïsme, être bat mitsva, c’est devenir responsable face aux textes de la Torah. C’est ce que je prouve en lisant un extrait de ma Paracha.
Je vais à présent vous présenter ma dracha : mon enquête.
Une enquête sur un thème qui me captive : le temps.
Pourquoi le temps me fait-il réfléchir ? C’est parce que je ne sais pas s’il a un début, encore moins une fin…
Il semble s’écouler et être insaisissable. Rien ne peut l’arrêter…
J’ai scruté dans ma paracha les détails qui pourraient me permettre de répondre à cette interrogation…
Et bingo, les premiers versets parlent du temps et plus précisément du chabat.
Allons-y…
Le premier verset de la Torah est bien connu :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ».
Donc au début, Dieu a créé un univers, un espace rempli de végétaux, d’animaux, d’astres…
Mais, Ezriel mon tuteur, m’a orienté vers l’étude d’un passage du Gaon de Vilna – l’un de nos Sages du 18ème siècle. Vous savez ce que veut dire Gaon en hébreu? Eh bien cela veut dire “génie” ! C’est donc une enquête géniale que le Gaon de Vilna et ma modeste personne nous vous proposons.
Au lieu de lire : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » c’est-à-dire l’espace de l’univers, ce génie de Vilna, remplace le mot AU par le déterminant LE. On lit donc « Le temps Dieu créa » et le sens est différent.
Selon cette lecture, le commencement signifie le temps. Dieu crée le temps. Cela nous donne :
« Le temps Dieu créa, le ciel et la terre ».
Je vous avoue que cette lecture n’est pas géniale… C’est du charabia !
Même si c’est Dieu qui écrit ce verset, Il ne peut pas faire ce qu’Il veut avec la grammaire ! Bon je répète : « Le temps, Dieu créa le ciel et la terre ».
Quel est le sujet ?…
Très bien bonne réponse.
1
Quel est le verbe ?…
Tout à fait très bonne réponse.
Et quel est le complément ?…
Le commencement, ou alors le ciel et la terre ?
בראשית ברא אלוקים את השמים ואת הארץ
בראשית
Traduit ici par “le temps”
ברא אלוקים
Créa Dieu
את השמים
Le Ciel
הארץ ואת
Et la Terre
Petite information : en hébreu le mot את peut se traduire par la préposition PAR.
Donc je répète quel est le complément ?… Le commencement, ou alors le ciel et la terre ? Je vous laisse 2 minutes pour proposer une réponse…
Au moins les amis, si vous répondez à cette question vous serez prêts non seulement pour une évaluation de grammaire, mais aussi pour une analyse de texte !
Oh ! Mais le temps passe et les 2 minutes se sont déjà écoulées…
Tout cela me laisse perplexe !
Le temps passé ne reviendra pas et je ne peux pas arrêter le présent … C’est peut-être pour ça que je parle très vite d’ailleurs ! euh !!!!! que je parle très vite !!!!
Donc on ne va pas s’éterniser…
Je vous ai indiqué que le mot את peut se traduire par la préposition PAR.
Glissons cette préposition dans le verset et analysons le résultat.
« Le temps Dieu créa, PAR le ciel et PAR la terre ».
Le ciel et la terre ne sont donc pas compléments d’objet du verbe créer, mais compléments circonstanciels de moyen.
C’est grâce à eux que le commencement – le temps – est créé.
Le ciel et la terre sont les éléments qui m’entourent – donc l’espace – et ils vont nous permettre de nous saisir du temps !
Si j’observe l’univers qui m’entoure, le ciel est la terre – Y a-t-il un élément dans cet espace qui pourrait m’indiquer et créer du temps ?
Allez je vous aide…
Il y a un phénomène répétitif et observable : le jour, puis la nuit – le jour, puis la nuit…
Et si j’observe la lune…
J’observe un croissant de lune, puis la pleine lune puis à nouveau le croissant de lune. Qu’est-ce que ce phénomène indique ? Le mois de 30 jours.
Et qu’est-ce qui me permet de remarquer les années dans l’univers ? Eh bien : le soleil bien sûr.
Si je récapitule, on a donc la journée, le mois et l’année.
Mais… que manque-t-il ? Il manque la semaine !!!!
Aucun élément de l’Univers n’indique un jour 7.
Pourtant jusqu’à nouvel ordre, personne ne conteste la semaine !!
Le verset 14 du chapitre 4 nous dit : «Durant six jours ton travail sera réalisé, et le septième jour sera saint ».
C’est donc l’espace du 7ème jour – du chabat – qui va me permettre de créer le temps… Vous êtes prêts ? Alors je vous sors le grand jeu !
L’espace, on est d’accord, se déploie sur 6 directions :
• Le Nord et le Sud
• L’Est et l’Ouest
• Le haut et le bas
Tiens, tiens, 6 directions face à 6 jours de la semaine
Et si les 6 directions étaient le référentiel de la semaine ?
Pas mal, non ?
Grâce à cette hypothèse, j’UNIFIE non seulement le temps et l’espace mais aussi la lecture du Gaon de Vilna sur la création du temps et le récit traditionnel de Béréchit sur la création du monde, de l’espace…
C’est grâce à l’espace que Dieu crée le temps.
L’espace est matériel mais pas le temps.
Le temps nous échappe.
Pourtant je vais le rendre saisissable. Et ce miracle va s’opérer grâce à l’espace, à l’espace du temps du chabat.
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?!
Explorer un espace par ses 6 dimensions, c’est l’explorer en totalité.
Travailler, œuvrer, c’est être capable d’explorer toutes les dimensions d’un projet. L’unité de temps du 6ème jour est donc le temps que j’explore et que je parviens à saisir. Le 7ème jour symbolise une… 7ème dimension ! C’est la dimension de l’intériorité, d’un retour à soi, à la méditation.
C’est le seul moment où je suis en dehors de la contrainte du temps : c’est chabat.
Voilà comment je parviens à me saisir du temps … en démontrant que par les 6 jours de la semaine, je dépasse l’exploration et je marque le 7ème jour par le repos.
L ‘étude du temps ça c’est ok.
Maintenant je vais vous expliquer comment sanctifier le chabat à l’aide des 39 travaux… J’espère que vous avez le temps ahhhhhhh !!!!! Mais c’est moi qui n’ai pas le temps…… Je vois le rabbin qui me fait signe de m’arrêter car les 420 secondes viennent de s’écouler sur la clepsydre… Dommage !