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Reeh: appliquer les commandements rend-il plus heureux?

Dracha prononcée par Lévanna à l'occasion de sa Bat Mitsva le jeudi 29 août 2024

Par Lévanna

Bonjour à tous, 

Respecter les commandements, les mitsvot, rend-il plus heureux? 

C’est ce qui est affirmé en tout cas dans la paracha Reeh que nous venons de lire!

Nous sommes dans le livre du Deutéronome. Le peuple arrive bientôt au bout de son chemin vers la terre d’Israël. Moïse, qui sait qu’il n’y entrera pas insiste sur les lois les plus importantes pour mettre en garde les hébreux: s’ils respectent les commandements, tout se passera bien pour eux sur leur terre et ils y prospéreront et s’ ils ne les respectent pas, au contraire, il leur arrivera des malheurs…

 C’est sur cette mise en garde que commence la paracha: 

רְאֵ֗ה אָנֹכִ֛י נֹתֵ֥ן לִפְנֵיכֶ֖ם הַיּ֑וֹם בְּרָכָ֖ה וּקְלָלָֽה׃ 

Vois, je mets aujourd’hui devant vous la bénédiction et la malédiction:  la bénédiction, si vous obéissez aux commandements de l’Eternel, votre Dieu, que je vous prescris en ce jour; la malédiction, si vous n’obéissez pas aux commandements de l’Eternel, votre Dieu, et si vous vous détournez de la voie que je vous prescris en ce jour.” (Deut 11 27-29)

Il y beaucoup de commandements dans Reeh: il est question de la cacheroute, des lois des trois fêtes de pèlerinage ou encore la loi de la “ch’mitah”, l’année sabbatique qui annule les dettes tous les 7 ans et oblige à laisser la terre en repos. Ch’mitah signifie en effet « relâchement ». 

Mais j’aimerais me concentrer en particulier sur les lois concernant le partage avec les plus pauvres, la Tsedaka

J’ai relevé dans Reeh plusieurs versets en lien avec ce thème: 

  • L’obligation de prélever une partie de la “dîme”, c’est-à-dire la taxe obligatoire pour la donner aux lévites, l’étranger, l’orphelin et la veuve, le texte dit “et ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Eternel, ton Dieu, te bénisse” (Deut 14-28)
  • L’interdiction de ne pas partager avec ceux qui sont dans le besoin comme il est écrit “tu n’endurciras point ton cœur et tu ne fermeras point ta main devant ton frère indigent. Mais tu lui ouvriras ta main, et tu lui prêteras de quoi pourvoir à ses besoins.” (Deut. 15-7/8)
  • Les lois de Ch’mitah dont nous avons déjà parlé permettent d’annuler les dettes et donc de soulager les personnes qui auraient des problèmes d’argent. (Deut. 15-2) Il écrit dans ce même passage « il n’y aura pas de pauvres chez toi car l’Eternel te bénira »
  • Enfin, j’ai relevé l’obligation de faire des dons à un esclave hébreu qu’on aurait libéré, je cite: “Et lorsque tu le renverras libre de chez toi, tu ne le renverras point à vide” (Deut. 15-13)

Tous ces versets nous montrent à quel point ce commandement du partage, de la solidarité,  est important dans la Torah. On a à la fois l’obligation de partager, et l’interdiction de ne pas partager!!

Nos sages expliquent pourquoi la Tsedaka est si importante dans le judaïsme: 

Maïmonide, par exemple, un des commentateurs les plus importants, a consacré dans son livre Mishneh Torah,  plusieurs chapitres sur les lois relatives aux dons aux pauvres. Il y explique que nous devons particulièrement faire attention à cette mitsva, plus que n’importe quelle autre mitsva positive. 

Plus proche de nous dans le temps, j’ai trouvé cette citation du rabbin Yisrael Meir Kagan surnommé le Hofetz Haim: 

Lorsqu’une personne fait la charité, elle prête à Dieu, pour ainsi dire, et Dieu lui rend la pareille dans ce monde. (Ahavat Chesed 1:10) 

Cette citation se trouve dans un ouvrage appelé “Ahavat Hessed” (amour et générosité), un traité consacré à l’importance de la charité et des actes de bonté. 

J’ai choisi cette citation parce qu’elle va exactement dans le sens de ce qui est affirmé dans Reeh: appliquer les mitsvot, en particulier cette mitsva du partage, améliore notre vie et donc nous rend plus heureux! D’après ce commentateur, c’est comme “prêter” à Dieu puisque, quand on fait la Tsedaka, c’est Dieu lui-même qui nous récompense.

Je me suis demandé si la Torah disait vrai où si ce n’est pas juste une façon d’encourager les hommes à s’entraider en promettant des récompenses… je suis donc allé chercher des réponses à cette question en dehors de la Torah

Et savez-vous ce que j’ai trouvé? Tout est confirmé par la science! 

Un étude parue en 2017 dans la très sérieuse revue scientifique “Nature” démontre le lien entre la générosité et le bonheur. Elle s’intitule “Un lien neuronal entre générosité et bonheur” et a été réalisée par six chercheurs en neurosciences allemands et suisses qui ont démontrés, en utilisant des images cérébrales, que la partie de notre cerveau liée à la sensation de bien-être est stimulée lorsque que l’on offre quelque chose à une autre personne.

La Torah disait donc vrai: faire des bonnes actions, suivre les commandements nous apporte des bénédictions puisque cela nous rend plus heureux, c’est maintenant scientifiquement prouvé!

Mais même sans cette preuve scientifique, je pense qu’on a tous déjà ressenti ça, parfois faire un cadeau à quelqu’un nous rend presque plus heureux que d’en recevoir un. 

Si je reviens au commentaire du Hoftez Haim, je comprends que lorsqu’on « prête à Dieu » en faisant la Tsedaka, ce que l’on reçoit en retour ce n’est pas des cadeaux ou de l’argent mais c’est quand même quelque chose de précieux, puisque la joie est une forme importante de bénédiction dont nous avons tous besoin! 

La Bat Mitsva aussi est un moment de générosité et de partage. On fait une grande fête avec sa famille et ses amis pour que tous puissent profiter de la joie de ce moment. On pourrait penser que ce n’est pas aussi important que le travail qu’il y a derrière, l’apprentissage de la paracha, l’étude de la Torah mais en fait, c’est aussi très important car c’est une façon concrète de mettre en pratique cette idée de partage avec les autres. C’est aussi d’ailleurs souvent l’occasion de faire des dons à des associations, et à la synagogue. 

Dans Reeh, Dieu nous rappelle que nous avons le choix entre la bénédiction et la malédiction. Je sais que c’est un choix à refaire chaque jour, qu’il faut toujours être vigilant, et ce n’est pas toujours facile, mais je sais que la Torah est la pour me guider et m’aider à faire les bons choix. 

Enfin, je voudrais dire que cette valeur si importante dans la Torah, je sais que mes parents me l’ont transmise depuis mon plus jeune âge et que c’est sans doute pour ça que j’ai choisis ce thème… Chaque Chabbat par exemple, nous mettons des pièces dans une tirelire pour la Tsedaka et je trouve que c’est une très bonne habitude. 

Je voudrais donc maintenant les remercier pour ça et pour tout ce qu’ils m’ont transmis.


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