Par Madeleine Cohen, Vice-Présidente d’honneur de l’AJCF
A Paule ton épouse, à tes enfants, à tes petit enfants
Cher Rabbin Daniel Farhi
Tes compagnons de lutte, tes amis, tes élèves, tes enseignants, l’association Amitiés Judéo-Chrétiennes de France, ont tout dit. Que puis-je ajouter ? Je voudrais simplement illustrer toute les qualités énoncées par des exemples vécus.
Comme Aaron, tu as aimé la paix et tu l’as poursuivie dans toutes tes actions.
Je suis sûre que chacun de tes élèves et amis ont, comme moi, reçu réponses à leurs sollicitations.
Je me réfère à ta grande amitié avec mon mari. Vous partagiez votre amour de l’histoire, de la littérature, de la musique, et au-dessus de tout, le Talmud. Te souviens-tu de tes visites auprès de lui lors de sa maladie ? De cette nuit où je t’ai appelé à minuit pour te demander de venir le voir d’urgence ? Son état empirait. Tu étais loin de Paris dans ta maison de campagne et malgré un grand orage, tu as pris la route aussitôt. Tu es arrivé, tu t’es assis au bord de son lit, tu lui as pris la main, et vous avez discuté longtemps jusqu’au matin. Ce que la morphine n’a pas réussi, toi avec ta bonté tu es arrivé.
Le dernier vendredi de sa vie, à la clinique avec tous ses amis de la synagogue. Tu t’es penché sur lui, tu l’as béni, tu lui as souhaité Shabbat Shalom et tu lui a dit « nous sommes venus célébrer avec toi l’office de l’accueil de Shabbat». D’une voix douce, mon mari t’a dit « si je m’en dors, continuez ».
Phrase inoubliable que j’ai reproduite pour ses enfants sur sa tombe.
Cher Daniel, te souviens-tu de cette rencontre à la Mairie de Paris lors d’une commémoration de la Shoah ? La salle était comble, le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim arrivait. Tout le monde s’élevait et toi avec tes cannes, tu t’efforçais de te lever. Le Grand Rabbin t’a vu, a couru vers toi, et chaleureusement t’a embrassé. Minute d’émotion dans toute la salle. Le Grand Rabbin de France embrassait le Rabbin de la synagogue libérale. Deux grands esprits animés d’un cœur pur se retrouvaient, le « tikoun olam » nous apparaissait au loin…
Je te revois le visage inondé de larmes. Un silence religieux nous étreignait tous, l’esprit du Prophète Elie était là. «Plus d’exclu. »
Jusqu’à la fin, tu as recherché la paix et tu l’as reçu. Comme disciple d’Aaron tu as donné l’exemple du « Ohev shalom ve Rodef shalom » (aimes la paix et poursuis la paix)…
Adieu cher rabbin et ami.
Que ton âme bénie repose en paix sous les ailes de la « chehina ».
Madeleine Cohen