Par Noah B. à l’occasion de sa Bar Mitsva
Bonjour à tous,
Il y a beaucoup de chiffres dans Pinhas… Ce n’est pas que j’adore les maths, mais j’ai été intrigué par ces “comptes”. D’ailleurs, en français, le livre “bamidbar” s’appelle “Les nombres”.
D’après la paracha, il aurait eu à ce moment-là 601 730 hommes âgés de vingt à soixante ans… Pour vous donner une idée, ça fait un peu plus que la population actuelle d’une ville comme Lyon! Sans compter les femmes et les enfants, donc en réalité, beaucoup plus.
Un autre chiffre important, c’est le chiffre 40 puisque le peuple arrive au terme de son errance de 40 ans qui avait été décrétée dans la paracha Chlah Lekha suite à la “faute” des explorateurs qui n’avaient pas voulu entrer en Terre d’Israël.
Ce recensement vient confirmer que la génération qui avait reçu cette condamnation est bien morte dans le désert et donc que ce qui avait été annoncé s’est accompli et aussi évaluer la force militaire du peuple à ce moment précis.
Mais ça, Dieu doit bien le savoir, non?
Pourquoi a-t-il besoin de “compter” son peuple?
En français, le verbe “compter” peut aussi être lu différemment. J’ai envie de penser que c’est une façon pour Dieu de nous dire que chaque personne du peuple “compte”, chacune est importante comme on dit par exemple en français “tu comptes beaucoup pour moi”.
Compter sur quelqu’un c’est aussi lui dire qu’on a confiance en lui et besoin de lui. Dieu compte sur cette nouvelle génération pour ne pas reproduire les erreurs de leurs pères et être digne de la Terre d’Israël.
Pour y arriver, ils doivent absolument être soudés et non divisés comme ils l’étaient dans Chlah Lekha.
En fait, je crois que c’est ce qui me plait le plus dans le fait d’être juif: l’importance du collectif et de la solidarité.
Il y a d’abord la notion de “Minyan” qui nous rappelle qu’on ne peut pas être pleinement juif si on n’est pas en lien avec d’autres juifs, avec une communauté. Ça peut paraître étonnant vu de l’extérieur mais on n’a pas forcément besoin d’un rabbin (désolé, Josh 🙂 pour faire certaines prières importantes ou célébrations. En revanche, sans Minyan, on ne peut pas faire grand chose. C’est le Minyan c’est-à-dire le collectif, qui donne du sens à la pratique juive.
Cette expérience de la solidarité et du lien entre juifs, je peux dire que je l’ai réellement vécue lorsque j’ai rejoint Noam Olami, le mouvement de jeunesse Massorti à Paris puis que j’ai passé avec ce groupe une semaine en Espagne pour le “Mahane”, le rassemblement annuel de ce mouvement.
Pendant ce séjour, j’ai fait plein de choses sympa, comme de l’escalade. Nous étions 6 français et les autres étaient barcelonais et madrilènes. Nous avons aussi rencontré là-bas des israéliens.
Il y avait des temps de prière, des chabbats et le reste du temps nous faisions plein d’activités, beaucoup de sport et quand il faisait vraiment très chaud, nous allions à la piscine.
Dans tous ces jeux, la barrière de la langue n’était pas un vraiment problème, ça ne nous empêchait pas de communiquer.
Un autre moment que j’ai beaucoup aimé, c’est quand nous nous sommes offert des cadeaux les uns aux autres.
Grâce à toutes ces activités et ces jeux, ça a été facile de se faire de nouveaux amis. Mais surtout je pense, que le fait d’être reliés par des valeurs communes, les valeurs d’un judaïsme ouvert, c’est ça qui a rendu facile le fait de se sentir connectés.
C’est la Torah qui fait le lien entre toutes ces personnes. Comme dans le foot où les “règles du jeu”, on pourrait même dire pour aller plus loin dans le parallèle, les “lois” du jeu, permettent à tous de se comprendre et de dialoguer même si là, c’est un dialogue sportif.
C’est aussi en Espagne que j’ai pu comprendre ce que se sentir étranger veut dire.
La Torah parle beaucoup de l’importance de bien traiter les étrangers et elle nous donne une raison:
“Parce que tu as été toi même étranger en pays d’Egypte”
C’est sans doute vrai que quand on a vécu cette expérience, on comprends mieux ce que peuvent ressentir les personnes qui sont déracinés, le sentiment de fragilité quand on arrive pas à se faire comprendre.
Pour résumer, je dirais que, à la fois ma réflexion sur ma paracha, l’expérience des hébreux dans le désert et mes propres expériences de rencontre avec d’autres juifs et de vie à l’étranger m’ont fait prendre plus fortement conscience de l’importance de cette notion de solidarité et de respect de chacun.
Comme si ce que je vis me permettait de mettre en pratique dans la réalité ce que nous enseigne la Torah… et si comme “travaux pratiques” de la Torah il faut faire des matchs de foot et camper avec des copains, je suis partant!
Le désert est un milieu très hostile ou il fait beaucoup plus chaud encore qu’en Espagne.
Je me dis que les hébreux n’auraient jamais survécu dans le désert s’ ils ne s’étaient pas entraidés énormément.
Peut être que le bon côté de cette “punition” de l’errance dans le désert a été de renforcer cette solidarité dans le peuple pour le rendre résistant à toute épreuve. Peut être que Dieu l’ai fait exprès et qu’il a voulu envoyer tout le monde en Mahane dans le désert et pensant que ça les aiderait à créer du lien.
Au moment de la paracha de Pinhas, ce peuple est plus soudé que jamais et enfin prêt à entrer en Israel.
Et ça a plutôt bien marché puisque, des milliers d’années plus tard, il est encore là et je suis fier d’en faire partie!
Retrouvez ici le commentaire de la paracha Pinhas par le rabbin Josh Weiner