Beit Ha Midrach exceptionnel avec Michal Govrin
Adath Shalom a l’honneur de recevoir l’écrivaine israélienne Michal Govrin
Adath Shalom a l’honneur de recevoir l’écrivaine israélienne Michal Govrin
Jean-Luc Landier, historien, nous livres ses reflexions à partir d’un ouvrage récent de Jacques Attali
Avec Gilles Hanus, professeur de philosophie
Beit ha-midrach du 2 juillet 2023 animé par Tony Levy
Interventions et écrits de nos rabbins sur des questions de loi juive dans le monde d’aujourd’hui
Si la Brit Mila est retardée au-delà du 31ème jour, le Pidyon Haben peut-il avoir lieu avant la Brit ?
Oui. C'est l'obligation du père - en fait, le bébé n'a même pas besoin d'être présent. Mais honnêtement, je n'ai jamais vu ce cas de figure, en principe toute la famille est présente et on trouve une raison pour retarder le Pidyon Haben.
Est-ce qu'il faut qu'il y ait un minyan au Pidyon Haben ?
Non.
Que se passe-t-il si un adulte comprend que ses parents auraient dû organiser un pidyon haben pour lui mais qu'ils ne l'ont pas fait?
Il organise lui-même la cérémonie en tant qu'adulte. J'ai vu cela, c'est très émouvant.
Dans quelle langue se déroule la cérémonie ?
La plus grande partie doit se dérouler dans une langue que les parents et le Cohen comprennent. Normalement, les bénédictions sont en hébreu, mais en théorie, elles peuvent aussi être faites dans une autre langue. La cérémonie classique est un mélange d'hébreu et d'araméen, et lorsque je la fais, je n'hésite pas à y ajouter la langue du pays.
Combien dois-je donner au Cohen ?
L'équivalent de 100 grammes d'argent pur (5 anciens chékalim). D'après google, cela vaut aujourd'hui 77 euros. Si c'est donné en cadeau, et que le père dit explicitement qu'il veut le récupérer après, la transaction est valable et le Cohen doit le rendre.
Pour le choix du Cohen : faut-il se tourner vers une personne de notre connaissance? Ou au contraire vers un Cohen inconnu? Ou un Cohen qui nous ressemble par l'âge, la situation, etc. Ou le choix est-il totalement aléatoire ?
N'importe quel adulte. (Il y a des discussions à propos des enfants Cohanim de moins de 13 ans, et il y existe une opinion célèbre selon laquelle une femme Cohenet peut recevoir l'argent). Il n'est pas nécessaire que ce soit quelqu'un qui vous ressemble, mais si cela peut être un ami ou un membre de la famille, je pense que c'est une bonne chose, pour apporter un peu plus de paix et d’amour ce jour-là.
Lors du dernier Souccot, j'ai tenu le sefer Torah (je fais toujours Magbia dans ma synagogue) pendant l’office malgré le fait que je n'avais pas besoin de réciter Yizkor car j'étais la seule personne du minyan qui n'avait pas besoin de le dire.
Quelle est la règle à ce sujet? Ai-je fait quelque chose qui n'est pas casher? Ou bien ai-je fait quelque chose de permis en raison des circonstances?
Ce n'est pas un problème halakhique de rester pour Yizkor. Certaines synagogues insistent pour que tout le monde reste à l'intérieur. Dans d'autres, comme vous l'avez dit, la coutume veut que ceux qui ont leurs proches en vie partent, et cela semble étrnage de rester. Mais si on a une bonne raison, il faut rester, malgré la coutume. Les bonnes raisons peuvent être par exemple : faire une mitsva, compléter un minyan, diriger des prières, apporter un soutien émotionnel, ou encore dire la prière de Yizkor pour quelqu'un qui n'a personne d'autre pour la dire à sa place. (Je dirais qu'il est permis de partir mais qu'il n'est pas interdit de rester).
Que pensez-vous personnellement de l'inclusion des noms des imahot, (les matriarches Sarah Rebecca Rachel et Léa), dans la première bénédiction de la Amida?
Je ne sais pas. Je comprends un peu pourquoi certains les ajoutent, mais je ne le fais pas. Je ne pense pas que ce soit interdit, malgré une référence de Rambam contre le changement de mots dans les trois premières bénédictions. Nous ajoutons ou modifions souvent des mots dans les trois premières bénédictions pendant le mois de Tichri.
Je dirais que je n'aime pas l'idée de limiter "le Dieu d'Avraham, le Dieu de Yitshak, le Dieu de Yaakov" à une référence historique à trois vieux hommes, et le fait d'ajouter intentionnellement des noms de femmes dans cette liste ferait/pourrait faire en sorte que cela devienne le point central. Je préfère garder ces références comme des abstractions kabbalistiques (bonté, pouvoir, beauté, par exemple), ou de les considérer comme un processus dans lequel chaque génération trouve sa propre relation avec Dieu. Et j'aimerais que ma fille et les autres femmes de ma communauté s'identifient aux modèles d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et pas seulement à Sarah, Rebecca, Léa et Rachel.
En revanche, je complète et modifie souvent les textes liturgiques en privé, et j'ajoute parfois des noms de femmes lorsque cela a du sens pour moi. À la référence au chant de Moshé à la mer, j'ajoute Miryam lorsque je prie en privé - là, il s'agit d'une histoire biblique, et c'est plus riche de faire référence à l'ensemble de l'histoire, y compris les voix des femmes.
Ce sont là quelques réflexions. Mais je reste ouvert pour continuer la conversation.
J'ai invité des personnes à déjeuner lors du dernier Chabbat. Après leur départ, il restait un pull dans ma maison. J'ai envoyé un message à tous ceux qui sont venus pour leur demander s'il leur appartenait et je n'ai pas eu de réponse. Quelle est la prochaine étape? Est-ce que je peux en faire don?
C'est une très grande mitsva de rendre un objet perdu, donc je n'abandonnerais pas encore cette opportunité. Peut-être demander à nouveau, peut-être mettre un statut sur whatsapp/ réseaux sociaux avec une description générale de l’objet, juste au cas où. En théorie, vous devriez le garder jusqu'à l'époque du Machia’h. Si ce n'est pas pratique, vous pouvez probablement le donner ou le vendre ou le porter après un certain temps, mais sachez que si quelqu'un vient vous le demander, vous lui devez la valeur totale de l'objet. Encore une fois, c'est une très bonne mitsva, aussi importante que le chabbat ou la cacherout ou n'importe quoi d'autre, que vous ne pouvez accomplir que si elle tombe littéralement dans votre vie comme dans ce cas. Quelle chance!
C'est le premier pessah de notre chien. Je me suis dit que sa nourriture pouvait aussi être hamets (je n'ai pas encore tout vérifié mais j'en suis à peu près sûre). Je ne suis pas sûre que nous pourrons trouver de la nourriture pour lui sans hamets et je suis un peu inquiète de changer toute son alimentation pendant 8 jours car son corps est très sensible aux changements alimentaires....des idées à ce sujet?
C'est effectivement un problème. La problématique est aussi liée au fait de posséder du hamets, et d'en tirer un quelconque bénéfice. Il faut vendre la nourriture si on croit qu'il s'agit de hamets. Le mieux est de modifier légèrement le régime alimentaire, si possible, en donnant simplement de la viande pure par exemple. Consultez d'autres personnes qui l'ont fait. Si ce n'est pas possible, il y a une pratique étrange mais vraie qui consiste à vendre le chien aussi, et alors vous donnez de la nourriture qui n'est pas la vôtre à un chien qui n'est pas le vôtre.
Je vais poser une question qui est en fait plus une question sociale par nature. Je suis encore étudiante et je partage un appartement. Comment dois-je parler à un colocataire non juif de la nécessité de cacheriser l'endroit avant Pessah et de la façon de vivre ensemble pendant cette semaine?
Ah ! Situation difficile et classique. Je vais vous donner une réponse idéale, mais chaque situation est un peu différente. Les principes sont les suivants : parler, respecter, diviser.
Mon cher grand-père est très malade (il n'est pas juif). Je me demandais si vous pouviez me recommander une prière à dire, pour que sa douleur soit moindre et que le voyage vers l'autre monde soit plus doux... Merci beaucoup!
Je suis désolée d’apprendre cela. Je suis sûr que vous êtes inquièt et que vous vous souciez de lui, j'espère qu'il ressent cette compassion. Il n'y a pas de formules magiques, mais peut-être que les psaumes 23, 41 et 91, dans n'importe quelle langue, vous conviendraient en ce moment. Mentionnez aussi son nom dans vos pensées lorsque vous priez, étudiez et donnez la tsedaka. Si vous le souhaitez, écrivez-moi en privé pour réfléchir davantage.
Les germes de blé sont-ils hamèts ?
C'est hamèts (produit par le trempage du blé pendant plusieurs jours), et doit être fini avant Pessah, ou détruit ou donné. Concernant la "vente" de hamèts : certains disent que tout cela est stupide et ne devrait pas être pratiqué du tout. D'autres disent que c'est tout à fait acceptable. Et il y a une position intermédiaire selon laquelle les produits qui pourraient contenir du hamèts peuvent être vendus, et ceux qui sont 100% hamets ne peuvent pas l'être. Selon cette dernière opinion, le germe de blé ne peut pas être vendu. Le meilleur conseil : manger ce qu'on peut avant la fête et donner le reste à des amis.
Pourquoi Dieu a-t-il endurci le cœur de pharaon ?
La question du *pourquoi Dieu a endurci le cœur de Pharaon* est difficile ! Je peux donner une réponse partielle. Si l'on regarde les versets, après les 5 premières plaies, Pharaon a endurci son propre cœur. Dans les cinq dernières, c'est Dieu qui le fait. C'est comme un accro qui a le choix jusqu'à ce qu'il le perde, mais la responsabilité reste. Même si l'esclavage en Égypte était prédéterminé par Dieu et par la causalité, chaque Égyptien, y compris Pharaon, avait le choix d'être cruel ou non.
Cette année Pessah tombe Chabbat, est ce que Chabbat prime sur Yom Tov? Est-ce qu'on allume les bougies de Yom Tov avant la havdalah?
Pour la première nuit et le premier jour, chabbat ajoute ses obligations et ses interdictions. On allume des bougies en disant "lehadlik ner chel chabbat veyom tov" (et on allume aussi une bougie de 24 heures), et on ajoute les lignes sur le chabbat dans les prières et dans le kiddouch. Il est interdit de cuisiner le jour du chabbat, même si habituellement le jour de yom tov, on peut parfois le faire. La deuxième nuit, motzei chabbat, est moins contraignante. Après l'heure de havdalah, on allume à nouveau des bougies à partir d'une flamme existante, et on dit la bénédiction "lehadlik ner chel yom tov". Plus tard, lorsque l'on commence le seder et que l'on récite le kidouch, on inclus la havdalah dans le kidouch (le texte sera dans la haggada). Au moment où l'on mentionne le feu, on lève les mains vers les deux bougies que l'on a déjà allumées.
Faut-il voir les restrictions alimentaires de Pessah comme une privation (de l'ordre du jeûne) ou comme une "joie" (et donc presque un encouragement à manger plus pour aller au-delà) ? Ou les deux ?
La deuxième hypothèse, c'est sûr ! Il suffit d'imaginer Pessah dans l'ancienne Jérusalem, un grand barbecue où tout le monde mangeait le sacrifice de viande enveloppé de matsa douce et de maror épicé, buvait du vin, racontait des histoires, posait des questions et célèbrait le retour des récoltes et de la vie. Les restrictions donnent un sens à la nourriture que nous consommons : nous ne mangerions probablement pas de matsa et n'en parlerions pas si nous avions le choix de manger aussi de la brioche. Et il est vrai que la matsa est appelée le "pain de la pauvreté". Mais nous racontons l'histoire de notre pauvreté comme si nous étions maintenant riches et libres, et l'atmosphère devrait être à la joie, pendant toute la semaine!
Certains rabbins parlent du symbolisme du hamèts comme étant l'orgueil, l'ego, la vie non-religieuse qui doivent être détruits. Mais si le hamèts était mauvais, il ne serait pas autorisé toute l'année et obligatoire lors des autres fêtes. C'est juste que pour cette semaine, il est important d'apprendre le message de la matsa (simplicité, confiance, patience) et d'en jouir aussi.
Pourquoi pendant le seder récitons-nous le Hallel en deux parties ?
La meilleure réponse à mon avis, et la plus simple, est logistique. En théorie, le Hallel devrait être lu en même temps que la performance de la mitsva, comme tenir le loulav et dire le Hallel à Soukot. Mais comme ici la mitsva est de manger le repas, et qu'il est impossible (ou du moins impoli) de manger et de chanter en même temps, nous avons une partie avant le repas et une autre après.
Comment acheter pour Pessah dans le commerce non cacher : produits laitiers ? Chocolat ? Confiture... existe-t-il un guide?
Je dirais : tout ce qui contient un seul ingrédient peut être acheté sans surveillance *avant* le début de Pessah : café, lait, yaourt nature, épices, huile. Pour les autres choses, il est préférable de vérifier.
Est ce qu'on sait à quelle période la Haggada a été compilée? Est ce qu'au début de la Haggada c'est un passage du Talmud qui est cité ? Est ce qu'on peut expliquer la question du sage dans la Haggada et la réponse?
Il s'agit en fait d'un mélange de textes de différentes époques. Le plus ancien est de l'époque de la Michna, et certaines citations de la Michna (donc ≈ deuxième siècle). Il y a des parallèles avec les textes talmudiques, et parfois des différences surprenantes.
Certains textes de la Haggada jouent avec d'autres textes. L'histoire de ces cinq rabbins joue avec un texte similaire dans la Tosefta. Mais ici, raconter l'histoire de la sortie d'Égypte devient le devoir le plus important, et non les lois du Temple. La discussion de la Michna sur le moment du Chema devient, dans la Haggada, une discussion sur l'histoire de la sortie d'Égypte. Les quatre questions que nous posons ignorent une des questions du Talmud.
C'est donc un jeu textuel !
Quels sont les passages obligatoires à lire de la Haggada ?
La structure minimale consiste à poser des questions (ma nichtana ou les tiennes), à raconter l'histoire de la sortie d'Égypte, à dire les mots "pessah, matsa, maror" et à expliquer ce qu'ils sont.
Je pars de chez moi la veille de Pessah, et je rentre pour une nuit pendant Hol Hamoed, est ce que je peux faire la Bedikat la veille au soir ?
Si tu ne peux pas le faire le jeudi soir, tu peux (dois !) le faire la veille ou l'avant veille, sans bénédiction.
Est ce que je peux donner mon hamèts au lieu de le vendre ?
Encore mieux, cela résout de nombreux problèmes halakhiques et éthiques!
Pendant Hol hamoed, est ce que je pourrais préparer du travail pour après la fête ? Écrire ? Ou est ce qu’on doit éviter au maximum ?
Si c'est pour le travail, tu peux faire le minimum de travail que ton employeur attend de toi, y compris écrire et préparer des cours pour après le fête.
Est-il possible que deux personnes qui ont des pratiques différentes concernant les kitniyot vivent ensemble ?
Cela aide s'ils s'aiment ! Kitniyot ≠ hamèts! La tradition achkénaze d'éviter les kitniyot ne concerne que leur consommation : posséder et voir n'est pas un problème, s'asseoir à côté de quelqu'un qui en mange n'est pas un problème, et utiliser les mêmes casseroles pour les aliments kitniyot et non-kitniyot les uns après les autres n'est pas un problème.
Je voudrais une précision sur la bénédiction qu’il faut faire sur la Matsa. Pendant Pessah, certains décisionnaires ont tranché qu’il faut faire Hamotsi à chaque fois, est-ce que c’est bien ça? Ou est ce qu’il faut faire Mezonot (hors des repas de fête) ?
Toujours hamotsi pendant Pessah. je crois qu'après Pessah, les séfarades disent mezonot s'il ne s'agit pas d'un vrai repas. Exception: si tu fais le "matsa brei", (cherchez la recette si vous ne connaissez pas !), et les morceaux de matza sont chacun assez petit, même les ashkénazes disent mezonot.
Pourquoi le Seder a-t-il autant d'étapes ?
C'est une très bonne question ! On a parfois l'impression que le seder est très long et compliqué, alors qu'il devrait être amusant et simple. Je pense que c'est parce que nous essayons de faire beaucoup de choses en même temps :
1) Raconter l'histoire de la sortie d'Égypte, avec des questions, des réponses et des discussions.
2) Garder et transmettre tous les souvenirs de notre peuple.
3) Faire un bon repas, comme à chaque chabbat et à chaque fête.
4) Montrer que nous sommes libres et non esclaves (par exemple, les quatre coupes).
Tout cela prend du temps... Même si nous appelons le repas un "Seder" (ordre), il est généralement un peu désorganisé, non ?
Pourquoi parle-t-on seulement de quatre sortes d'enfants ? On pourrait décrire bien plus de personnalités (colérique, rêveur, paresseux, attentif .... etc.)
C'est une très bonne question. La réponse technique est qu'elle provient du texte de la Torah lui-même. En quatre endroits différents, la Torah décrit un parent racontant l'histoire à ses enfants de différentes manières, et dans trois d'entre elles, il y a un enfant qui pose une question. En général, nous croyons que chaque mot de la Torah est là pour une raison, et qu'il n'y a jamais de répétition inutile. Ces quatre fois sont donc considérées comme des exemples de quatre façons différentes de raconter l'histoire à quatre types d'enfants différents.
Mais c'est tout à fait juste, il y a en réalité des millions de personnalités et donc des millions de façons de raconter l'histoire. Même au sein d'une même famille, la façon dont vous avez parlé de la liberté l'année dernière est peut-être différente de la façon dont vous le ferez cette année...
Interventions et écrits reflétant nos prises de position sur des questions en débat dans le monde juif