Synagogue Massorti Paris XVe

Don

Adhésion

Beit ha Midrach (« Maison d’étude »)

Interventions de nos invités dans le cadre des séances d’étude hebdomadaires de notre communauté

Questions Halakhiques

Interventions et écrits de nos rabbins sur des questions de loi juive dans le monde d’aujourd’hui

Questions au rabbin

Une partie du rôle du rabbin consiste à répondre aux diverses questions de la vie quotidienne d’un point de vue juif. N’hésitez pas à poser vos questions en lui écrivant.

Chabbat

Devons nous être rigoureux avec nos enfants quant à l'observation du chabbat? Par exemple ne pas faire de dessins, de collages, découpages, ne pas faire de vélo, trottinette au parc...? Ou bien les restrictions de chabbat ne s'appliqueront réellement qu’à compter de leur Bat/Bar Mitsva? 

La question est celle de l'éducation. En général, s'il n'y a pas de préparation, les enfants ne changeront pas de vie au moment de leur bar/bat mitsva. La halakha propose deux suggestions aux parents. En ce qui concerne les interdictions telles que chabbat et cacheroute, nous ne leur donnons pas activement quelque chose d'interdit, mais nous ne devons pas les arrêter s'ils le font eux-mêmes. Cela dépend aussi un peu de l'âge de l'enfant, mais vous pouvez lui donner des livres et des puzzles, et regarder ailleurs s'il dessine. En ce qui concerne les mitsvot positives, lorsqu'ils sont prêts, ils devraient participer comme ils le peuvent : tenir un verre de kiddouch, donner la tsedaka avant chabbat, réciter le chema, jeûner le jour de Yom Kippour. Tout dépend de l'âge et de la personnalité de l'enfant. Mais en vous voyant agir d'une certaine manière, ils seront plus enclins à vouloir vous imiter.

Pourquoi trempe-t-on le pain dans le sel pour chabbat, mais aussi pour la brakha sur le pain ? 

La réponse simple est qu'il nous est ordonné de bien manger le chabbat et de nous comporter comme des gens riches. Autrefois, le pain bon marché n'était pas salé, alors le chabbat, les gens montraient qu'ils investissaient dans du bon pain. Il y a aussi des symbolismes kabbalistiques donnés à cet acte d'ajouter du sel, mais ils sont venus expliquer une pratique qui existait déjà.

Pourquoi sentons-nous des épices lors de la Havdalah ? Quelle est la signification ?

Pour la Havdala, nous utilisons nos cinq sens. Les textes parlent de se sentir déprimé lorsque le chabbat s'en va, et faible lorsque l'âme supplémentaire nous quitte à ce moment-là. Les épices sont censées être revigorantes et nous garder en vie ! C'est un symbole, mais un beau symbole, et il fait désormais partie de la cérémonie. 

J’étais un peu en retard pour la préparation de chabbat. Les bougies étaient allumées et le repas prêt, mais la table pas totalement mise. Peut-on finir les préparatifs après l’heure du début du chabbat?

Oui. Même si l'idéal est de préparer chabbat à l'avance, lorsqu'il s'agit de tâches qui ne sont pas considérées comme du travail (melakha), elles peuvent être effectuées pendant chabbat pour les besoins de chabbat. Cependant, faire une préparation même non-melakha le chabbat pour le samedi soir ou le dimanche est généralement déconseillé. 

À -t-on le droit de se laver pendant le chabbat ?

Se laver les mains et le visage est acceptable pendant le chabbat. Lorsqu'il s'agit de se laver tout le corps, l'utilisation d'eau chaude peut parfois poser problème : cela dépend du système de chauffage de la maison ou du bâtiment. Pour ces raisons, ainsi que pour l'honneur de la journée, il est préférable de se doucher avant le début de chabbat.

Pourquoi ne pouvons-nous pas prendre le métro, même si nous avons un abonnement annuel et qu'il a des portes électriques ? N'est-ce pas au fond la même chose que les ascenseurs chabbat ?

Certaines autorités permettent en effet d'utiliser les transports en commun dans ces conditions. Les problèmes qui demeurent sont surtout le port du passe Navigo, et les déplacements de longue distance qui sortiraient des limites de la ville.

Dans notre immeuble, nous avons un système électronique pour rentrer interphone ou badge vigik. Il n' y a pas de possibilité d’ouvrir la porte avec un clé, le sens du chabbat est il modifié ?

Le badge magnétique ne doit pas être considéré comme une utilisation interdite de l'électricité. Si la plupart du monde observant considère l'électricité comme interdite le chabbat, son statut exact est débattu. S'agit-il d'un dérivé de l'interdiction de construire, d'allumer un feu ou de réparer, d'une conséquence du commandement positif de se reposer (chvout) ou d'une coutume indépendante ? Quoi qu'il en soit, la tendance actuelle, pour toute question relative à l'électricité, est d'examiner à la fois le système électrique utilisé et, surtout, la conséquence de l'action. Si la conséquence est elle-même une melakha, elle est interdite. Par exemple, cuisiner avec un four électrique, c'est cuisiner ; écrire sur un ordinateur, c'est écrire ; utiliser un moulin à café électrique, c'est moudre, etc. Dans le cas du badge ou de la carte magnétique, cependant, plusieurs rabbins sont indulgents et l'autorisent, et c'est probablement la position que nous devrions adopter en France aujourd'hui. La modification du champ électromagnétique n'est pas la forme habituelle d'utilisation de l'électricité, et la conséquence, un relâchement des aimants et l'ouverture de la porte, n'est pas une melakha. Ce n'est pas (encore) la position officielle de la plupart des rabbins orthodoxes en France, mais cela semble néanmoins être la pratique de nombreux juifs pratiquants et ne semble pas affaiblir le sens du chabbat.

A t on le droit de mettre ou enlever du vernis à ongle pendant chabbat? C’est de la teinture mais c’est éphémère alors je doute…

C'est considéré comme de la peinture, comme vous l'avez dit. Elle est également considérée comme destinée à durer, même si elle ne durera pas éternellement et que l'on peut l'enlever le lendemain (l'enlever le chabbat est également interdit). C'est différent du cas du lego où le montage et le démontage se font l'un après l'autre et où il n'y a aucune intention de le faire durer. Même dans ce cas, il est interdit (pour les adultes du moins) de construire le chabbat une grande structure en Lego destinée à durer plusieurs jours. Il en va de même pour les nœuds : les lacets de chaussures sont noués de manière à pouvoir être défaits, mais il est interdit de faire un nœud plus permanent, même s'il ne durera pas éternellement.

Comme demandé jeudi soir, voici une interrogation sur une activité lors de chabbat : peut-on exercer une activité physique à chabbat, notamment courir ? 

Je cite simplement le Choulhan Aroukh (OH 301:1-2) : "Il est interdit de courir le chabbat, à moins que ce ne soit pour accomplir une mitsva, comme aller à la synagogue... Cependant, les jeunes hommes qui aiment courir et sauter peuvent le faire".

En gros, c'est assez subjectif : l'activité physique pour le plaisir est autorisée. S'entraîner pour un événement ou pour la forme physique générale ou faire quelque chose de peu agréable n'est pas dans l'esprit de chabbat.

Dans quelle mesure est-il possible de faire des petites tâches de ménage le chabbat (mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle sans le démarrer, faire le lit, etc...) ? Avoir une maison complètement en désordre me stresse, mais si je commence à ranger la vaisselle, par exemple, je risque par réflexe de lancer la machine. Faut-il que j'apprenne tout simplement à vivre avec le désordre ?

En ce qui concerne la vaisselle, quelques principes entrent en jeu. Tout d'abord, techniquement, presser une éponge est considéré comme une melakha de "séparation", il faut donc la faire sans les éponges souples. Préparer le chabbat pour la semaine à venir n'est pas encouragé, donc laver la vaisselle le vendredi soir pour le déjeuner du lendemain est autorisé, et le samedi après-midi non. Mais les textes rabbiniques reconnaissent également le stress mental causé par le désordre : si c'est le cas, on peut faire juste assez de nettoyage pour soulager l'esprit. Empiler le lave-vaisselle est une bonne chose - peut-être mettre du ruban adhésif sur les boutons avant chabbat si vous avez l'instinct de le lancer !

Ma question porte sur l'utilisation de l'électricité pendant le chabbat. Afin de ne pas rompre leur chabbat, beaucoup de personnes laissent les lumières allumées pendant son entièreté, ce qui peut être très polluant. Il me semble aussi qu'en Israël certains utilisent des générateurs qui marchent au gaz, également une source importante de pollution. Étant donné notre préoccupation grandissante pour la préservation de la planète, y a-t-il des débats parmi les rabbins pour parvenir à trouver une solution causant moins de dégâts? J'ai entendu parler de recherche pour produire de l'« électricité cacher » en Israël, qu'en pensez-vous?

Il s'agit de trois points différents. En dehors d'Israël, nous devrions encourager l'utilisation de minuteries électriques et d'ampoules à faible consommation d'énergie, et le chabbat pourra alors être un jour moins polluant, comme il est censé l'être. Certains juifs ultra-orthodoxes en Israël (très peu, en réalité) affirment que l'électricité n'utilisent pas d’électricité nationale le chabbat pour leur éclairage, leurs réfrigérateurs, etc. et utilisent des générateurs à la place. Des discussions ont eu lieu sur le stockage de l'électricité produite pendant la semaine. Ce serait peut-être une bonne idée (pour des raisons liées au chabbat et à l'environnement), mais pour l'instant, l'infrastructure est coûteuse. La majorité des juifs pratiquants en Israël estiment que ce n'est pas un problème : l'électricité est une ressource vitale pour les hôpitaux et l'armée, et une fois qu'il est permis de la produire pour eux, l'ensemble du système est également autorisé.

J’ai toujours du mal à comprendre comment utiliser l’eau et tirer la chasse ne comptent pas comme « allumer la lumière » Qu’en est-il concernant ces gestes ?

Débloquer un écoulement d'eau n'est pas en soi une melakha, un acte créatif, et c'est ainsi que les deux cas que vous avez mentionnés sont classés. Allumer un feu est un acte créatif. Certains ont tenté un argument selon lequel l'électricité ressemble plus à un écoulement d'eau qu'à un acte créatif, mais cela n'a pas été accepté et ce n'est pas une bonne analogie.

Si le travail du rabbin est de guider la communauté dans ses prières, et entre autre, s'assurer que les prières et obligations des fêtes soient respectées, ne peut-on pas considérer cela comme du travail le chabbat ?

Une grande question ! En théorie, se faire payer pour enseigner la Torah est déjà interdit, et d'autant plus le chabbat ! La façon dont cette question est traitée techniquement est une combinaison de deux échappatoires : les rabbins sont payés pour leur préparation aux activités du chabbat (dracha, lecture de la Torah, etc.), mais pas pour le travail le jour même - qu'ils font gratuitement ; en outre, les rabbins (et toute autre personne travaillant pour la synagogue) sont payés mensuellement, de sorte qu'ils ne gagnent pas spécifiquement de l'argent le chabbat. Malgré tout, l'équilibre est difficile à trouver et les rabbins s'efforcent de trouver des moments de tranquillité pendant leur propre chabbat.

On parle beaucoup du faire pour chabbat, mais que faut-il être...?

La clé se trouve peut-être dans la banale salutation "chabbat shalom". Shalom dans son sens premier de complet, à l'aise, et ensuite dans le sens quotidien de en paix. La Torah dit que nous devons faire tout notre travail en six jours et nous reposer le septième, mais il est impossible de faire tout son travail en six jours. Il s'agit donc d'une instruction sur l'état d'esprit à adopter : nous devons avoir l'impression que tout notre travail est terminé, que nos soucis sont résolus, que nos responsabilités sont assumées. Nous devons nous sentir comme des rois et des reines (dans le bon sens du terme!), riches, complaisants et généreux.

Peut-on mettre un réveil à chabbat (s'il est sur piles) ou est-ce contraire à l'esprit de chabbat ?

S'il est installé avant chabbat, tout devrait bien se passer. Le problème serait de l'éteindre, mais s'il ne sonne qu'une minute ça va. Il existe des applications pour smartphones qui permettent de sonner pendant un certain temps, puis de s'éteindre automatiquement. En théorie, chabbat devrait être un jour de repos, mais les horaires fixes des prières à la synagogue ne le permettent pas toujours !

Pourquoi li-t-on l’intégralité de la paracha à chabbat alors qu’on ne lit que trois montées le lundi et le jeudi ?

La coutume de Babylone, que nous avons adoptée aujourd'hui, consistait à lire la totalité de la Torah en un an. La Torah était divisée en 54 parachot (ou sidrot) et l'une d'entre elles était lue à chaque chabbat. Par ailleurs, la coutume voulait que la Torah soit lue le lundi et le jeudi, soit pour qu'il n'y ait jamais trois jours sans Torah, soit parce qu'il s'agissait des jours de marché et que de nombreuses personnes étaient présentes pour écouter les enseignements. Au lieu d'avoir une lecture indépendante ces jours-là, elles devenaient des lectures préparatoires à la lecture principale de la paracha le chabbat. En ce qui concerne les subdivisions, nous appelons davantage de personnes pour honorer le jour et montrer son importance. Un jour de semaine a trois montées (considérées comme représentatives du Cohen, Levi, Yisrael, les trois parties du peuple juif), Roch hodech a quatre montées, les fêtes cinq, Yom Kippour six et chabbat sept.

Question sur le principe de chinouï avec le café ou le thé et sur son application:

Deux concepts distincts : l'un est le "chinouï" et l'autre la cuisine pendant le chabbat. Chinouï signifie faire quelque chose d'une manière inhabituelle. Dans certains cas de grande nécessité, il est permis d'accomplir un interdit rabbinique d'une manière inhabituelle: appuyer sur un bouton avec le coude, etc. Mais pour le café et le thé, c'est un autre principe qui entre en jeu. Il est interdit de cuisiner le chabbat, mais quelque chose qui a déjà été cuit peut être réchauffé et il n'y a pas d'interdiction inhérente de le cuire davantage une fois qu'il est déjà comestible. Le café instantané, par exemple, a déjà été cuit au cours du processus de lyophilisation et le fait d'y ajouter de l'eau chaude n'est pas considéré comme une "cuisson", mais comme un réchauffage. Le thé est plus compliqué, car il n'est pas certain que le processus de séchage des feuilles de thé soit considéré comme de la cuisson. Si ce n'est pas le cas, l'ajout d'eau chaude constituerait une violation du chabbat. Ce que l'on fait habituellement, c'est d'utiliser un kli cheni, un "récipient secondaire". L'eau chaude est versée dans une autre tasse, et cette tasse est versée dans la tasse dans laquelle vous voulez boire, puis le sachet de thé est ajouté. Chaque transfert refroidit légèrement l'eau et, à la deuxième tasse, on suppose qu'il n'y a pas de cuisson.

Que faire quand une loi de chabbat offre une solution allant contre le bon sens écologique (par exemple laisser la lumière allumée etc.)?

Le chabbat et la conscience écologique sont absolument compatibles. Mais il ne faut exagérer ni l'un ni l'autre. Nous savons que nos comportements réguliers ont un impact beaucoup plus important sur le monde qu'un acte isolé. Il est donc certainement important de prendre l'habitude de régler des minuteries, d'utiliser des ampoules à basse consommation et de réduire la consommation d'énergie ce jour-là. Si cela n'a pas été fait, c'est dommage, mais les considérations écologiques en elles-mêmes ne sont pas une raison pour éteindre les appareils le jour du chabbat : prenez note de mieux vous préparer à l'avenir. Ce n'est qu'en cas de grande nécessité que vous pouvez utiliser des méthodes détournées pour l'éteindre, de manière irrégulière ou en demandant indirectement à un non-juif.

Comment appréhender/accueillir le chabbat dans un foyer non-juif dans le cadre d'une conversion ?

Le processus de conversion est toujours une période de flexibilité et d'expérimentation, car nous essayons d'intégrer ces concepts dans nos vies, et il est donc normal que la pratique change avec le temps. Dans un foyer non juif, il faut beaucoup de dialogue respectueux autour de chabbat, afin que le cadre soit clair pour tout le monde, sans que personne ne se sente forcé de faire quelque chose qu'il ne veut pas faire. Un conseil : essayez de vous préparer pour chabbat de manière à ne dépendre de personne d'autre. Cuisinez avant le chabbat, planifiez la journée à l'avance, préparez les lumières dont vous aurez besoin, etc. Ensuite, si les autres cuisinent pendant chabbat ou allument les lumières, c'est pour eux et non pour vous, et c'est très bien ainsi. Vous pouvez manger ensemble, les inviter au kiddouch et à l'allumage des bougies s'ils le souhaitent, consacrer beaucoup de temps à des conversations sympas et essayer de créer un équilibre entre vos restrictions et un sentiment de paix et de tranquillité auquel ils peuvent participer.

 A quoi correspond l'interdiction de couper pendant chabbat ? Jusqu'ou va cette interdiction ?

Il est interdit de détruire activement pendant chabbat afin d'améliorer quelque chose : couper les cheveux ou les ongles pour les rendre plus beaux, découper du papier d'aluminium ou du film alimentaire, déchirer une page d'un livre. La grande exception concerne la nourriture : déchirer ou couper un paquet de nourriture ou de boisson n'est pas considéré comme une destruction et est toujours autorisé.

A propos de la cérémonie de Pidyon Haben/Rachat du premier-né

Si la Brit Mila est retardée au-delà du 31ème jour, le Pidyon Haben peut-il avoir lieu avant la Brit ?

Oui. C'est l'obligation du père - en fait, le bébé n'a même pas besoin d'être présent. Mais honnêtement, je n'ai jamais vu ce cas de figure, en principe toute la famille est présente et on trouve une raison pour retarder le Pidyon Haben. 

Est-ce qu'il faut qu'il y ait un minyan au Pidyon Haben ?

Non.

Que se passe-t-il si un adulte comprend que ses parents auraient dû organiser un pidyon haben pour lui mais qu'ils ne l'ont pas fait?

Il organise lui-même la cérémonie en tant qu'adulte. J'ai vu cela, c'est très émouvant. 

Dans quelle langue se déroule la cérémonie ?

La plus grande partie doit se dérouler dans une langue que les parents et le Cohen comprennent. Normalement, les bénédictions sont en hébreu, mais en théorie, elles peuvent aussi être faites dans une autre langue. La cérémonie classique est un mélange d'hébreu et d'araméen, et lorsque je la fais, je n'hésite pas à y ajouter la langue du pays. 

Combien dois-je donner au Cohen ?

L'équivalent de 100 grammes d'argent pur (5 anciens chékalim). D'après google, cela vaut aujourd'hui 77 euros. Si c'est donné en cadeau, et que le père dit explicitement qu'il veut le récupérer après, la transaction est valable et le Cohen doit le rendre. 

Pour le choix du Cohen : faut-il se tourner vers une personne de notre connaissance? Ou au contraire vers un Cohen inconnu? Ou un Cohen qui nous ressemble par l'âge, la situation, etc. Ou le choix est-il totalement aléatoire ?

N'importe quel adulte. (Il y a des discussions à propos des enfants Cohanim de moins de 13 ans, et il y existe une opinion célèbre selon laquelle une femme Cohenet peut recevoir l'argent). Il n'est pas nécessaire que ce soit quelqu'un qui vous ressemble, mais si cela peut être un ami ou un membre de la famille, je pense que c'est une bonne chose, pour apporter un peu plus de paix et d’amour ce jour-là.

A propos de Yizkor

Lors du dernier Souccot, j'ai tenu le sefer Torah (je fais toujours Magbia dans ma synagogue) pendant l’office malgré le fait que je n'avais pas besoin de réciter Yizkor car j'étais la seule personne du minyan qui n'avait pas besoin de le dire.

Quelle est la règle à ce sujet?  Ai-je fait quelque chose qui n'est pas casher?  Ou bien ai-je fait quelque chose de permis en raison des circonstances?

Ce n'est pas un problème halakhique de rester pour Yizkor. Certaines synagogues insistent pour que tout le monde reste à l'intérieur. Dans d'autres, comme vous l'avez dit, la coutume veut que ceux qui ont leurs proches en vie partent, et cela semble étrnage de rester. Mais si on a une bonne raison, il faut rester, malgré la coutume. Les bonnes raisons peuvent être par exemple : faire une mitsva, compléter un minyan, diriger des prières, apporter un soutien émotionnel, ou encore dire la prière de Yizkor pour quelqu'un qui n'a personne d'autre pour la dire à sa place. (Je dirais qu'il est permis de partir mais qu'il n'est pas interdit de rester).

A propos de l'inclusion des matriarches dans les prières

Que pensez-vous personnellement de l'inclusion des noms des imahot, (les matriarches Sarah Rebecca Rachel et Léa), dans la première bénédiction de la Amida? 

Je ne sais pas. Je comprends un peu pourquoi certains les ajoutent, mais je ne le fais pas. Je ne pense pas que ce soit interdit, malgré une référence de Rambam contre le changement de mots dans les trois premières bénédictions. Nous ajoutons ou modifions souvent des mots dans les trois premières bénédictions pendant le mois de Tichri.

Je dirais que je n'aime pas l'idée de limiter "le Dieu d'Avraham, le Dieu de Yitshak, le Dieu de Yaakov" à une référence historique à trois vieux hommes, et le fait d'ajouter intentionnellement des noms de femmes dans cette liste ferait/pourrait faire en sorte que cela devienne le point central. Je préfère garder ces références comme des abstractions kabbalistiques (bonté, pouvoir, beauté, par exemple), ou de les considérer comme un processus dans lequel chaque génération trouve sa propre relation avec Dieu. Et j'aimerais que ma fille et les autres femmes de ma communauté s'identifient aux modèles d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et pas seulement à Sarah, Rebecca, Léa et Rachel. 

En revanche, je complète et modifie souvent les textes liturgiques en privé, et j'ajoute parfois des noms de femmes lorsque cela a du sens pour moi. À la référence au chant de Moshé à la mer, j'ajoute Miryam lorsque je prie en privé - là, il s'agit d'une histoire biblique, et c'est plus riche de faire référence à l'ensemble de l'histoire, y compris les voix des femmes. 

Ce sont là quelques réflexions. Mais je reste ouvert pour continuer la conversation.

Divers

J'ai invité des personnes à déjeuner lors du dernier Chabbat. Après leur départ, il restait un pull dans ma maison. J'ai envoyé un message à tous ceux qui sont venus pour leur demander s'il leur appartenait et je n'ai pas eu de réponse. Quelle est la prochaine étape? Est-ce que je peux en faire don?

C'est une très grande mitsva de rendre un objet perdu, donc je n'abandonnerais pas encore cette opportunité. Peut-être demander à nouveau, peut-être mettre un statut sur whatsapp/ réseaux sociaux avec une description générale de l’objet, juste au cas où. En théorie, vous devriez le garder jusqu'à l'époque du Machia’h. Si ce n'est pas pratique, vous pouvez probablement le donner ou le vendre ou le porter après un certain temps, mais sachez que si quelqu'un vient vous le demander, vous lui devez la valeur totale de l'objet. Encore une fois, c'est une très bonne mitsva, aussi importante que le chabbat ou la cacherout ou n'importe quoi d'autre, que vous ne pouvez accomplir que si elle tombe littéralement dans votre vie comme dans ce cas. Quelle chance!

C'est le premier pessah de notre chien. Je me suis dit que sa nourriture pouvait aussi être hamets (je n'ai pas encore tout vérifié mais j'en suis à peu près sûre). Je ne suis pas sûre que nous pourrons trouver de la nourriture pour lui sans hamets et je suis un peu inquiète de changer toute son alimentation pendant 8 jours car son corps est très sensible aux changements alimentaires....des idées à ce sujet?

C'est effectivement un problème. La problématique est aussi liée au fait de posséder du hamets, et d'en tirer un quelconque bénéfice.  Il faut vendre la nourriture si on croit qu'il s'agit de hamets. Le mieux est de modifier légèrement le régime alimentaire, si possible, en donnant simplement de la viande pure par exemple. Consultez d'autres personnes qui l'ont fait. Si ce n'est pas possible, il y a une pratique étrange mais vraie qui consiste à vendre le chien aussi, et alors vous donnez de la nourriture qui n'est pas la vôtre à un chien qui n'est pas le vôtre.

Je vais poser une question qui est en fait plus une question sociale par nature. Je suis encore étudiante et je partage un appartement. Comment dois-je parler à un colocataire non juif de la nécessité de cacheriser l'endroit avant Pessah et de la façon de vivre ensemble pendant cette semaine?

Ah ! Situation difficile et classique. Je vais vous donner une réponse idéale, mais chaque situation est un peu différente. Les principes sont les suivants : parler, respecter, diviser. 

  1. Expliquer que les juifs sont bizarres et que parfois nous faisons des choses bizarres, c'est comme ça.
  2. Expliquer que Pessah est encore plus exigent que les autres périodes de l'année, et que nous ne pouvons pas manger ou posséder du hamets, ou cuisiner dans quelque chose qui a touché du hamets chaud.
  3. Cela dépend de la façon dont la nourriture et la cuisine sont partagées, mais vous pourriez manger ou vous débarrasser de toute votre nourriture à base de hamets, donner à votre colocataire tout ce dont vous ne pouvez pas vous débarrasser, et vendre potentiellement tout ce qui reste.
  4. Désignez quelques casseroles et poêles qui sont les vôtres et cachez-les, et prenez une étagère ou un placard, un évier si possible, et une éponge. Demandez à votre colocataire de ne pas les utiliser. Renoncez à votre droit de propriété sur tous les espaces partagés de l'appartement. 
  5. Faites votre propre cuisine sur la cuisinière (plus compliqué pour le four et le micro-ondes) partagez votre nourriture avec vos colocataires pour réduire les tensions, faites votre propre vaisselle. 
  6. La cérémonie de recherche du hametz avant Pessah peut se faire dans votre chambre étant donné que vous avez renoncé à la propriété des autres espaces partagés.

Mon cher grand-père est très malade (il n'est pas juif). Je me demandais si vous pouviez me recommander une prière à dire, pour que sa douleur soit moindre et que le voyage vers l'autre monde soit plus doux... Merci beaucoup!

Je suis désolée d’apprendre cela. Je suis sûr que vous êtes inquièt et que vous vous souciez de lui, j'espère qu'il ressent cette compassion. Il n'y a pas de formules magiques, mais peut-être que les psaumes 23, 41 et 91, dans n'importe quelle langue, vous conviendraient en ce moment. Mentionnez aussi son nom dans vos pensées lorsque vous priez, étudiez et donnez la tsedaka. Si vous le souhaitez, écrivez-moi en privé pour réfléchir davantage.

A propos de Pessah

Les germes de blé sont-ils hamèts ?

C'est hamèts (produit par le trempage du blé pendant plusieurs jours), et doit être fini avant Pessah, ou détruit ou donné. Concernant la "vente" de hamèts : certains disent que tout cela est stupide et ne devrait pas être pratiqué du tout. D'autres disent que c'est tout à fait acceptable. Et il y a une position intermédiaire selon laquelle les produits qui pourraient contenir du hamèts peuvent être vendus, et ceux qui sont 100% hamets ne peuvent pas l'être. Selon cette dernière opinion, le germe de blé ne peut pas être vendu. Le meilleur conseil : manger ce qu'on peut avant la fête et donner le reste à des amis.

Pourquoi Dieu a-t-il endurci le cœur de pharaon ?

La question du *pourquoi Dieu a endurci le cœur de Pharaon* est difficile ! Je peux donner une réponse partielle. Si l'on regarde les versets, après les 5 premières plaies, Pharaon a endurci son propre cœur. Dans les cinq dernières, c'est Dieu qui le fait. C'est comme un accro qui a le choix jusqu'à ce qu'il le perde, mais la responsabilité reste. Même si l'esclavage en Égypte était prédéterminé par Dieu et par la causalité, chaque Égyptien, y compris Pharaon, avait le choix d'être cruel ou non.

Cette année Pessah tombe Chabbat, est ce que Chabbat prime sur Yom Tov? Est-ce qu'on allume les bougies de Yom Tov avant la havdalah?

Pour la première nuit et le premier jour, chabbat ajoute ses obligations et ses interdictions. On allume des bougies en disant "lehadlik ner chel chabbat veyom tov" (et on allume aussi une bougie de 24 heures), et on ajoute les lignes sur le chabbat dans les prières et dans le kiddouch. Il est interdit de cuisiner le jour du chabbat, même si habituellement le jour de yom tov, on peut parfois le faire. La deuxième nuit, motzei chabbat, est moins contraignante. Après l'heure de havdalah, on allume à nouveau des bougies à partir d'une flamme existante, et on dit la bénédiction "lehadlik ner chel yom tov". Plus tard, lorsque l'on commence le seder et que l'on récite le kidouch, on inclus la havdalah dans le kidouch (le texte sera dans la haggada). Au moment où l'on mentionne le feu, on lève les mains vers les deux bougies que l'on a déjà allumées.

Faut-il voir les restrictions alimentaires de Pessah comme une privation (de l'ordre du jeûne) ou comme une "joie" (et donc presque un encouragement à manger plus pour aller au-delà) ? Ou les deux ?

La deuxième hypothèse, c'est sûr ! Il suffit d'imaginer Pessah dans l'ancienne Jérusalem, un grand barbecue où tout le monde mangeait le sacrifice de viande enveloppé de matsa douce et de maror épicé, buvait du vin, racontait des histoires, posait des questions et célèbrait le retour des récoltes et de la vie. Les restrictions donnent un sens à la nourriture que nous consommons : nous ne mangerions probablement pas de matsa et n'en parlerions pas si nous avions le choix de manger aussi de la brioche. Et il est vrai que la matsa est appelée le "pain de la pauvreté". Mais nous racontons l'histoire de notre pauvreté comme si nous étions maintenant riches et libres, et l'atmosphère devrait être à la joie, pendant toute la semaine!

Certains rabbins parlent du symbolisme du hamèts comme étant l'orgueil, l'ego, la vie non-religieuse qui doivent être détruits. Mais si le hamèts était mauvais, il ne serait pas autorisé toute l'année et obligatoire lors des autres fêtes. C'est juste que pour cette semaine, il est important d'apprendre le message de la matsa (simplicité, confiance, patience) et d'en jouir aussi.

 Pourquoi pendant le seder récitons-nous le Hallel en deux parties ?

La meilleure réponse à mon avis, et la plus simple, est logistique. En théorie, le Hallel devrait être lu en même temps que la performance de la mitsva, comme tenir le loulav et dire le Hallel à Soukot. Mais comme ici la mitsva est de manger le repas, et qu'il est impossible (ou du moins impoli) de manger et de chanter en même temps, nous avons une partie avant le repas et une autre après.

Comment acheter pour Pessah dans le commerce non cacher : produits laitiers ? Chocolat ? Confiture... existe-t-il un guide?

Je dirais : tout ce qui contient un seul ingrédient peut être acheté sans surveillance *avant* le début de Pessah : café, lait, yaourt nature, épices, huile. Pour les autres choses, il est préférable de vérifier.

Est ce qu'on sait à quelle période la Haggada a été compilée? Est ce qu'au début de la Haggada c'est un passage du Talmud qui est cité ? Est ce qu'on peut expliquer la question du sage dans la Haggada et la réponse?

Il s'agit en fait d'un mélange de textes de différentes époques. Le plus ancien est de l'époque de la Michna, et certaines citations de la Michna (donc ≈ deuxième siècle). Il y a des parallèles avec les textes talmudiques, et parfois des différences surprenantes.

Certains textes de la Haggada jouent avec d'autres textes. L'histoire de ces cinq rabbins joue avec un texte similaire dans la Tosefta. Mais ici, raconter l'histoire de la sortie d'Égypte devient le devoir le plus important, et non les lois du Temple. La discussion de la Michna sur le moment du Chema devient, dans la Haggada, une discussion sur l'histoire de la sortie d'Égypte. Les quatre questions que nous posons ignorent une des questions du Talmud.

C'est donc un jeu textuel !

Quels sont les passages obligatoires à lire de la Haggada ?

La structure minimale consiste à poser des questions (ma nichtana ou les tiennes), à raconter l'histoire de la sortie d'Égypte, à dire les mots "pessah, matsa, maror" et à expliquer ce qu'ils sont.

Je pars de chez moi la veille de Pessah, et je rentre pour une nuit pendant Hol Hamoed, est ce que je peux faire la Bedikat la veille au soir ?

Si tu ne peux pas le faire le jeudi soir, tu peux (dois !) le faire la veille ou l'avant veille, sans bénédiction.

Est ce que je peux donner mon hamèts au lieu de le vendre ?

Encore mieux, cela résout de nombreux problèmes halakhiques et éthiques!

Pendant Hol hamoed, est ce que je pourrais préparer du travail pour après la fête ? Écrire ? Ou est ce qu’on doit éviter au maximum ?

Si c'est pour le travail, tu peux faire le minimum de travail que ton employeur attend de toi, y compris écrire et préparer des cours pour après le fête.

Est-il possible que deux personnes qui ont des pratiques différentes concernant les kitniyot vivent ensemble ? 

Cela aide s'ils s'aiment ! Kitniyot ≠ hamèts! La tradition achkénaze d'éviter les kitniyot ne concerne que leur consommation : posséder et voir n'est pas un problème, s'asseoir à côté de quelqu'un qui en mange n'est pas un problème, et utiliser les mêmes casseroles pour les aliments kitniyot et non-kitniyot les uns après les autres n'est pas un problème.

Je voudrais une précision sur la bénédiction qu’il faut faire sur la Matsa. Pendant Pessah, certains décisionnaires ont tranché qu’il faut faire Hamotsi à chaque fois, est-ce que c’est bien ça? Ou est ce qu’il faut faire Mezonot (hors des repas de fête) ?

Toujours hamotsi pendant Pessah. je crois qu'après Pessah, les séfarades disent mezonot s'il ne s'agit pas d'un vrai repas. Exception: si tu fais le "matsa brei", (cherchez la recette si vous ne connaissez pas !), et les morceaux de matza  sont chacun assez petit, même les ashkénazes disent mezonot.

Pourquoi le Seder a-t-il autant d'étapes ?

C'est une très bonne question ! On a parfois l'impression que le seder est très long et compliqué, alors qu'il devrait être amusant et simple. Je pense que c'est parce que nous essayons de faire beaucoup de choses en même temps :

1) Raconter l'histoire de la sortie d'Égypte, avec des questions, des réponses et des discussions.

2) Garder et transmettre tous les souvenirs de notre peuple.

3) Faire un bon repas, comme à chaque chabbat et à chaque fête.

4) Montrer que nous sommes libres et non esclaves (par exemple, les quatre coupes).

Tout cela prend du temps... Même si nous appelons le repas un "Seder" (ordre), il est généralement un peu désorganisé, non ?

Pourquoi parle-t-on seulement de quatre sortes d'enfants ? On pourrait décrire bien plus de personnalités (colérique, rêveur,  paresseux, attentif .... etc.)  

C'est une très bonne question. La réponse technique est qu'elle provient du texte de la Torah lui-même. En quatre endroits différents, la Torah décrit un parent racontant l'histoire à ses enfants de différentes manières, et dans trois d'entre elles, il y a un enfant qui pose une question. En général, nous croyons que chaque mot de la Torah est là pour une raison, et qu'il n'y a jamais de répétition inutile. Ces quatre fois sont donc considérées comme des exemples de quatre façons différentes de raconter l'histoire à quatre types d'enfants différents.

Mais c'est tout à fait juste, il y a en réalité des millions de personnalités et donc des millions de façons de raconter l'histoire. Même au sein d'une même famille, la façon dont vous avez parlé de la liberté l'année dernière est peut-être différente de la façon dont vous le ferez cette année...

Réflexions et Histoire

Interventions et écrits reflétant nos prises de position sur des questions en débat dans le monde juif