Le rituel le plus singulier de Kippour est sans aucun doute le Vidouï, la confession directe et sans nul intermédiaire, de ce que sont nos faiblesses, nos faillites, nos complaisances pour ne pas parler de nos cupidités. En bref : un état des lieux de tout ce qui en nous est encore immaturité. Difficile de dresser un bilan détaillé… Sommes-nous seulement conscients du mal que nous pouvons provoquer souvent inconsciemment, par simple suffisance ? La litanie des contritions et pénitences que nous récitons religieusement nous touche-t-elle vraiment ? À dix reprises nous les déclinons tout au long des cinq offices de Kippour, comme pour réitérer les dix étapes que devait franchir le grand prêtre dans son périple jusqu’au Saint des saints afin d’obtenir le pardon de la communauté d’Israël auprès du Créateur. En fait, le moment fort de cette confession formulée dans notre liturgie est ce qui la précède :
Elohénou, vélohé avoténou, ana tavo lefanèkha tefilaténou. Ve-al tit’âlam mi-tehinaténou, chè-éin anahnou âzé fanim ou-keché ôrèf, lomar lefanékha, Adonaï élohénou, vélohé avoténou, tsadikim anahnou ve-lo hat’anou, aval anahnou hat’anou.
Que notre prière s’élève jusqu’à Toi, ô notre Dieu et Dieu de nos pères ; ne reste pas indifférent à notre supplique, car nous n’avons ni l’insolence ni l’arrogance de prétendre devant Toi, Éternel notre Dieu et Dieu de nos pères, que nous sommes des justes exempts de tout péché, car, en vérité, nous reconnaissons que nous (et nos pères…) en avons commis.
« Nous ne sommes pas des tsadikim (justes) » ! Aucun d’entre nous, pas même les ancêtres glorieux ! Tous, en défaut ! Sauf moi… -). C’est cette brèche opérée au cœur de notre système de défense (d’autosuffisance, d’autosatisfaction, cet autisme volontaire ou non, indifférence à l’autre et différence à soi) qui est le levier qui ouvre les vannes du barrage, et bien souvent « crève l’abcès de fixation ».
Le psaume 51 condense si bien l’état d’esprit de Kippour que l’on s’étonne que la liturgie ne le lui ait pas accordé plus d’importance, hormis l’un ou l’autre verset :
תהלים נא
(א) לַמְנַצֵּחַ מִזְמוֹר לְדָוִד: (ב) בְּבוֹא אֵלָיו נָתָן הַנָּבִיא כַּאֲשֶׁר בָּא אֶל בַּת שָׁבַע: (ג) חָנֵּנִיאֱלֹהִיםכְּחַסְדֶּךָכְּרֹברַחֲמֶיךָמְחֵהפְשָׁעָי: (ד) <הרבה> הֶרֶב כַּבְּסֵנִימֵעֲוֹנִיוּמֵחַטָּאתִיטַהֲרֵנִי: (ה) כִּיפְשָׁעַיאֲנִיאֵדָעוְחַטָּאתִינֶגְדִּיתָמִיד: (ו) לְךָלְבַדְּךָחָטָאתִיוְהָרַעבְּעֵינֶיךָעָשִׂיתִי לְמַעַן תִּצְדַּק בְּדָבְרֶךָ תִּזְכֶּה בְשָׁפְטֶךָ: (ז) הֵן בְּעָווֹן חוֹלָלְתִּי וּבְחֵטְא יֶחֱמַתְנִי אִמִּי: (ח) הֵן אֱמֶת חָפַצְתָּ בַטֻּחוֹת וּבְסָתֻם חָכְמָה תוֹדִיעֵנִי: (ט) תְּחַטְּאֵנִי בְאֵזוֹב וְאֶטְהָרתְּכַבְּסֵנִיוּמִשֶּׁלֶגאַלְבִּין: (י) תַּשְׁמִיעֵנִי שָׂשׂוֹן וְשִׂמְחָה תָּגֵלְנָה עֲצָמוֹת דִּכִּיתָ: (יא) הַסְתֵּרפָּנֶיךָמֵחֲטָאָיוְכָלעֲוֹנֹתַימְחֵה: (יב) לֵב טָהוֹר בְּרָא לִי אֱלֹהִים וְרוּחַ נָכוֹן חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי: (יג) אַל תַּשְׁלִיכֵנִי מִלְּפָנֶיךָ וְרוּחַ קָדְשְׁךָ אַל תִּקַּח מִמֶּנִּי: (יד) הָשִׁיבָהלִּי שְׂשׂוֹן יִשְׁעֶךָ וְרוּחַנְדִיבָהתִסְמְכֵנִי: (טו) אֲלַמְּדָהפֹשְׁעִיםדְּרָכֶיךָוְחַטָּאִיםאֵלֶיךָיָשׁוּבוּ: (טז) הַצִּילֵנִי מִדָּמִים אֱלֹהִים אֱלֹהֵי תְּשׁוּעָתִי תְּרַנֵּן לְשׁוֹנִי צִדְקָתֶךָ: (יז) אֲדֹנָי שְׂפָתַי תִּפְתָּח וּפִי יַגִּיד תְּהִלָּתֶךָ: (יח) כִּי לֹא תַחְפֹּץ זֶבַח וְאֶתֵּנָה עוֹלָה לֹא תִרְצֶה: (יט) זִבְחֵיאֱלֹהִיםרוּחַנִשְׁבָּרָהלֵבנִשְׁבָּרוְנִדְכֶּהאֱלֹהִיםלֹאתִבְזֶה: (כ) הֵיטִיבָה בִרְצוֹנְךָ אֶת צִיּוֹן תִּבְנֶה חוֹמוֹת יְרוּשָׁלִָם: (כא) אָז תַּחְפֹּץ זִבְחֵי צֶדֶק עוֹלָה וְכָלִיל אָז יַעֲלוּ עַל מִזְבַּחֲךָ פָרִים:
3] Accorde-moi la grâce à la faveur de Ta bonté, efface mon péché, avec l’abondance de Ta tendresse. 4] Décrasse/récure-moi abondamment de mon infamie et purifie-moi de mon péché. 5] Oui, je connais l’étendue de ma faute, mon péché est sans cesse au devant de moi. 6] C’est, (avant tout) envers Toi (seul…) que j’ai fauté et à Tes yeux que j’ai accompli le mal, comme c’est Toi (en dernier) qui feras justice et auras raison (de moi) dans le jugement1 […] 9] Aussi ôte mes souillures avec l’hysope, je serai pur ; lave-moi, je serai blanc plus que neige. [10] Rends-moi le son/sens de la joie et de la fête : qu’ils dansent à nouveau, les os que Tu broyas ! [11] Détourne Ta face de mes fautes, et tout mon mal, efface-le. [12] Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit neuf ; [13] ne me repousse pas loin de Ta face, ne m’enlève pas Ton esprit de sainteté. [14] Rends-moi la joie de Ta délivrance, assure en moi un esprit magnanime. J’enseignerai aux délinquants Tes voies et les fauteurs de trouble2 reviendront à Toi […] Délivre-moi du sang (vengeur ou par le sang expiateur), ô Dieu, Dieu de mon salut ! Ma langue chantera hautement Ta justice. Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange. Car Tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, l’holocauste est un cadeau qui ne T’est point agréable. Les vrais sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. Dieu, Tu ne méprises pas un cœur brisé et humble. Fais du bien, dans Ta faveur, à Sion ; rebâtis les murs de Jérusalem. Alors Tu prendras goût aux sacrifices de justice, à l’holocauste et au sacrifice [qu’on brûle] tout entier ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel (Ps 51).
L’humilité, le regard critique sur soi est la clef, comme cela ressort de ces deux paroles de sagesse :
Le méchant qui se sait méchant est préférable au juste qui se sait juste (Voyant de Lublin : éd. Buber, traduct. éditions du Rocher, 1978, p. 421).
Rabbi Ezéchiel Landau, « Nodâ bi-Yehouda » (xviiie siècle, Metz) à la demande qui lui fut adressée de prescrire un jeûne « réparateur ». Il répondit que le jeûne n’était qu’un moyen secondaire et qu’il risquait de se substituer à l’essentiel : la techouva dans le cœur de l’homme :
Pour surmonter les ruses de la conscience, il faut exprimer le remord avec un cœur entier. Or ce n’est possible (paradoxalement) qu’à condition de le briser ! (Orahhaïm 35, cf. « Moadim ba-halakha« , S.I. Zevin, p. 65).
Voilà la brèche. Ensuite de quoi, Dieu opère la sienne ! :
בבלי פסחיםקיט עמוד א
אמר רב כהנא משום רבי ישמעאל ברבי יוסי: מאי דכתיב: (תהלים יג) »למנצח מזמור לדוד ». זמרולמי שנוצחיןאותוושמח. בא וראה שלא כמדת הקדוש ברוך הוא מדת בשר ודם. בשר ודם מנצחין אותו – ועצב. אבל הקדוש ברוך הוא נוצחין אותו ושמח שנאמר: (תהלים קו) »וַיֹּאמֶר לְהַשְׁמִידָם לוּלֵי מֹשֶׁה בְחִירוֹ עָמַד בַּפֶּרֶץ לְפָנָיו ». אמר רב כהנא משום רבי ישמעאל ברבי יוסי אמר רבי שמעון בן לקיש משום רבי יהודה נשיאה: מאי דכתיב (יחזקאל א ח) »<וידו> וִידֵיאָדָםמִתַּחַתכַּנְפֵיהֶם » – ידו כתיב, זה ידושלהקדושברוךהואשפרוסהתחתכנפיהחיותכדילקבלבעליתשובהמידמדתהדין.
Rav Kahana a dit au nom de Rabbi Yichmaël fils de Rabbi Yossé : Comment comprendre : « Au maître du chant, Psaume de David » ?Chanter en l’honneur de Celui sur qui un ascendant a été pris et (pourtant) S’en réjouit. Viens et vois que la manière (de réagir) du Saint béni soit-Il n’est pas pareille à celle d’un être de chair et de sang. Un être de chair et de sang, quand on l’a vaincu, il en est tout abattu. Tandis que le Saint béni soit-Il, quand on l’a « vaincu », Il en est tout réjoui, ainsi qu’il est dit : « Il parlait de les anéantir, si Moïse, Son élu, ne s’était hérissé sur la brèche devant Lui [pour contenir Sa colère et l’empêcher de détruire Israël](Ps 106,23). Rav Kahana a dit au nom de Rabbi Yichmael fils de Rabbi Yossé que Rabbi Chimôn fils de Lakich a dit au nom de Rabbi Yehouda le Nassi : Que signifie le texte : « Et il y avait des mains d’hommes sous leurs ailes » (Ez 1,8) ? Le texte est vocalisé Yado, sa main. C’était la main du Saint Béni soit-II3 qui était tendue, sous les ailes des Hayot [dans la vision d’Ezéchiel] afin d’accueillir ceux qui font repentance/reconfiguration et les soustraire à la sévérité de la mesure de justice (Pessahim 119a).
Ce ne sont pas des ailes qui Lui poussent mais des mains sous les ailes des anges ! Dieu tend une main « humaine » et pour transformer la midat ha-din (la sévérité), le Yom ha-din (jour du Jugement, appellation originelle de Kippour et non Roch Ha-chana) en Yom ha-rahamim (jour de Miséricorde), Yom Kippour : jour de l’Expiation, effacement de la faute !
Il s’agit d’une situation paradigmatique : Dieu se laisse « con-vaincre » par Moïse pour permettre le repentir du peuple. Il avait dit :
שמות לב
(כט) וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה מִלְאוּ יֶדְכֶם הַיּוֹם לַיקֹוָק כִּי אִישׁ בִּבְנוֹ וּבְאָחִיו וְלָתֵת עֲלֵיכֶם הַיּוֹם בְּרָכָה: (ל) וַיְהִי מִמָּחֳרָת וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה אֶל הָעָם אַתֶּםחֲטָאתֶםחֲטָאָהגְדֹלָה וְעַתָּה אֶעֱלֶה אֶל יְקֹוָק אוּלַיאֲכַפְּרָהבְּעַדחַטַּאתְכֶם: (לא) וַיָּשָׁב מֹשֶׁה אֶל יְקֹוָק וַיֹּאמַר אָנָּאחָטָאהָעָםהַזֶּהחֲטָאָהגְדֹלָה וַיַּעֲשׂוּ לָהֶם אֱלֹהֵי זָהָב: (לב) וְעַתָּה אִם תִּשָּׂאחַטָּאתָם וְאִםאַיִן מְחֵנִינָאמִסִּפְרְךָאֲשֶׁרכָּתָבְתָּ: (לג) וַיֹּאמֶר יְקֹוָק אֶל מֹשֶׁה מִיאֲשֶׁרחָטָאלִיאֶמְחֶנּוּמִסִּפְרִי:
[29] Et Moïse dit : Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous [une] bénédiction. [30] Et il arriva, le lendemain, que Moïse dit au peuple : Vous avez commis un grand péché, et maintenant je monterai vers l’Éternel : peut-être ferai-je propitiation/expiation/bouclier pour votre péché. [31] Et Moïse retourna vers l’Éternel, et dit : Hélas ô ce peuple a commis un grand péché, et ils se sont fait un dieu d’or. [32] Et maintenant, si Tu pardonnes leur péché…; sinon, efface-moi, je Te prie, de Ton livre que Tu as écrit. [33] Et l’Éternel dit à Moïse : Celui qui aura péché contre Moi, Je l’effacerai de Mon livre (Exode 32,29-33).
La mauvaise posture donc pour aborder Kippour est de se croire tsaddik, ayant raison sur tout et de tout. Mais la posture inverse, se croire rachâ (mauvais), est aussi perverse ! Le rite de Kippour consiste à expurger, récurer les âmes de tout ce qui les souille. En même temps que le rite requiert la plus grande humilité, l’éradication de toute vanité ou prétention, il prohibe la posture qui consisterait à l’inverse à se morfondre dans l’inexpiable, l’incurable. Autrement dit : à se laisser terrasser, pétrifier par le maléfice inexpugnable de la malédiction pesant sur notre âme, c’est-à-dire de la conscience malheureuse qui non seulement ne croit pas qu’elle puisse être aidée, soutenue et finalement sauvée (par Dieu) mais ne croit pas non plus en ses propres ressources intérieures pour y faire face efficacement. Conscience défaitiste ou fataliste mais aussi celle qui plus perverse se dérobe, en se donnant un alibi, prétextant que ce n’est pas de son ressort : tout cela est à bannir ! Nous sommes tous des juifs beiynonim, moyens, « normaux » !
Et pour mettre un peu de tendresse dans ce monde de brutes (la menace iranienne qui pèse sur l’existence d’Israël, la crise économique mondiale, la montée des haines nationalistes, xénophobes et antisémites), un peu de légèreté en ces jours graves…
Trois histoires hassidiques…
Le cheval blanc
Un jeune homme vint vers le Rizinien (Rosany) et lui demanda d’être ordonné Rav. Le Rizinien s’enquit de sa conduite journalière, et le candidat répondit : « Je m’habille toujours en blanc ; je bois seulement de l’eau ; je mets des petits clous dans mes chaussures par mortification ; je me roule nu dans la neige et j’ordonne au chamech, gardien de la Synagogue, de me donner quarante coups de fouet chaque jour sur mon dos nu. » Juste à ce moment un cheval blanc entra dans la cour. « J’observe, dit le Rizinien, que cette créature est blanche ; elle ne boit que de l’eau ; elle a des clous dans ses sabots ; elle se roule dans la neige, et reçoit plus de quarante coups de fouet par jour. Ce n’est pourtant qu’un cheval » (Histoire hassidique citée par Ernest Müller, Histoire de la mystique juive, Payot, p. 162).
Le retard
Une fois, c’était à l’office du Kol Nidré, tous les Hassidim se trouvaient rassemblés à la Synagogue. Tous ? Non. Le Rabbi n’était pas là. On l’attendait pour commencer l’office. Voyant que le temps passait et que le Rabbi n’arrivait toujours pas, une des femmes présentes se dit : « Il y en a encore pour un bon moment avant qu’ils ne commencent. Dire que je me suis tant dépêchée pour arriver à l’heure ! Au lieu d’attendre bêtement, je vais vite faire un saut jusqu’à la maison, voir si mon enfant ne s’est pas réveillé et si tout va bien. En un rien de temps et je serai de retour… » Elle traverse la rue en courant, arrive à la maison et colle son oreille à la porte. Silence… Voulant être plus rassurée encore, elle abaisse délicatement la poignée de la porte, glisse la tête par l’entrebâillement. … Elle n’en croit pas ses yeux. Le Rabbi est là. Il tient l’enfant dans ses bras. Attiré par ses pleurs, alors qu’il se rendait à la Synagogue, il avait frappé à la porte. N’entendant pas de réponse, il était entré, avait vu le jeune enfant, l’avait pris dans les bras, consolé, distrait, puis bercé, jusqu’à ce qu’il se fût rendormi (Martin Buber, Les récits hassidiques, éditions du Rocher, 1949, p. 470).
Permettez-moi à présent de confesser ma faute en public : je n’ai pas ce mérite, je suis arrivé ce soir à l’office à l’heure !
Le déni de Dieu
Paroles de Rabbi Moché Loeb de Sassov : « Nous savons que l’homme ne possède rien en lui qui ait été créé en vain. Non seulement l’âme est pure (Elohaï nechama che-natata bi theora hi…) mais même le yetser ha-ra (penchant vulnérable au mal pas mauvais penchant…) : aucune faculté, aucune force, aucune appétence. Rien de mauvais, rien de si mauvais, qui ne puisse être tourné en bien pour le service de Dieu. Prenons le désir (taava), notre propension à séduire et à être séduit. Il permet l’amour entre les êtres et de bâtir une famille ! Prenons l’orgueil (gaava) une fois contenu et surmonté, il se transforme en une haute vertu de courage et d’ardeur sublime à suivre la voie de la sainteté. Mais la question subsidiaire est la suivante : pourquoi donc le reniement (kefira) de Dieu a-t-il été créé ? Pourquoi avoir créé en l’homme la propension à Le rejeter ? Et qu’est-ce que l’homme peut bien faire de ce penchant au déni ? C’est qu’il peut, lui aussi, tourner en bien et servir à la délivrance. Imagine que quelqu’un vienne à toi pour te demander secours et assistance. Tu ne vas tout de même pas lui dire alors d’une bouche emplie de piété et de dévotion : « Aie confiance, mon ami, tourne-toi vers Dieu dans ta détresse et tu verras, Il t’exaucera ! » Non ! Tu vas agir, agir comme si Dieu n‘existait pas ! Comme s‘il n’y avait sur toute la terre que toi, seulement toi, qui puisses aider cet homme ! » (Martin Buber, Les récits hassidiques, éditions du Rocher, 1949, p. 473).4
Les amis, n’attendons pas Dieu pour agir, c’est Lui qui nous attend. La prière de ce jour est là pour nous aider à purifier nos cœurs et à agir en conséquence.
Merci encore à tous ceux qui font. Une famille anonyme a offert à AS un défibrillateur… puissions-nous ne pas avoir à nous en servir, mais voilà, si l’on peut dire, un magnifique « reniement » de Dieu ! Merci à eux, merci à tous les donateurs sans lesquels les mots seraient du vent. Merci à ceux qui nous font confiance et en qui nous pouvons avoir confiance. Nous tâcherons d’être au mieux de nos forces et de nous montrer à la hauteur.
1 Verset difficile, traduction personnelle.
2 « Hataïm » clairement utilisé dans le verset dans le sens de fauteurs mais que Brouria interprète comme les fautes « détachables » de la personne (cf. TB, Berakhot 10a).
3 C’est pourtant bien des mains d’homme dont il est question dans le verset : en fait, comme si Dieu tendait des mains pleines « d’humanité ».
4 J’ai fait de légères amplifications et aménagements stylistiques aux trois récits, pour les besoins narratifs de la dracha.