Par Sol
La paracha de Balak que je viens de lire fait partie du livre Bamidbar, qui raconte l’histoire des Israelites qui, fraichement sortis d’Egypte, se retrouvent dans le désert pour une longue traversée de 40 ans.
Ils viennent de recevoir les 10 commandements et se dirigent vers la Terre promise. Sur leur chemin, ils ont dû lutter contre d’autres peuples et en sont sortis victorieux pour arriver jusqu’aux plaines de Moav, terres du roi Balak, en face de Jericho.
Le roi, craignant la puissance des Israelites, et comprenant qu’il ne pourrait pas les vaincre par la force, fait appel à Bilam, un prophète, pour les maudire afin de les affaiblir. Bilam consulte Dieu qui lui interdit par deux fois d’accepter cette mission. Bilam insiste et au bout de la troisième négociation Dieu accepte de le laisser partir, mais lui pose une condition : Bilam ne devra ne prononcer que les paroles de Dieu.
Bilam part avec son ânesse vers la colline d’où il accomplira sa mission. Dieu dresse alors par trois fois un Ange sur son chemin pour l’empêcher de poursuivre sa mission. Mais seule l’ânesse voit l’ange et refuse de bouger afin de sauver son maître à 3 reprises. Mais Bilam ne comprend pas et bat l’animal, jusqu’a apercevoir l’Ange qui lui répète le commandement de Dieu : Seule sa parole devra sortir de sa bouche. Enfin, arrivé chez le roi Balak, Bilam tente d’accomplir sa mission qui est de maudire les israélites mais une fois encore, à trois reprises, des bénédictions exaltant le peuple d’Israël sortent de sa
bouche au lieu de la malédiction prévue.
Ce qui m’a interrogé dans ce texte, c’est tout d’abord cette récurrence de la notion de “trois fois” ?
Pourquoi Bilam a dû négocier à trois reprises avec Dieu, pourquoi l’ânesse bloque le passage à trois reprises ?
Il s’agit là d’une référence claire à la détermination, la force de la conviction et à la ferveur dont il faut faire part lorsque l’on s’adresse à Dieu pour lui demander sa bénédiction. J’y vois aussi la notion de libre arbitre que Dieu nous donne pour décider et assumer nos choix.
Mais cela démontre aussi que la volonté de Dieu prévaut sur les intentions humaines.
Le passage où l’ânesse voit l’ange de Dieu et bloque le passage pour protéger Bilam à trois reprises est surprenant. Cet animal qui est pourtant souvent décrit comme « simple » se trouve être ici plus clairvoyant que son maitre, un homme, qui plus est un prophète !
Celui qui est censé voir l’avenir serait aveugle à la présence divine ? Ou est-ce une façon de montrer la perception des animaux ou des gens humbles face à la cécité des morales des humains ? Est-ce que nos ambitions, parfois impures, ne troublent pas notre clairvoyance et ne nous détournent-elles pas de la voie de la sagesse?
Tout ceci illustre les trois enseignements que je vais devoir intégrer dans ma vie d’homme libre et responsable:
1) Quand je crois à quelque chose je dois y aller à fond.
2) On est libre mais également responsable de ses choix.
3) Nous ne sommes que des hommes mais nous avons la chance
d’avoir Dieu pour nous guider.
Enfin, arrêtons-nous sur les trois très belles bénédictions prononcées par Bilam en lieu et place des malédictions initiales.
La première : “Oui, je le vois de la cime des rochers, et du haut des collines, je le découvre : ce peuple, il vit solitaire, iI ne se confondra point avec les nations. Qui peut compter la poussière de Jacob,
nombrer la multitude d’Israël ? Puissé-je mourir comme meurent ces
justes, et puisse ma fin ressembler à la leur !” (Nombres, 23:9)
Dans la première bénédiction le peuple est décrit comme “solitaire”, “ne se confondant pas aux autres nations”. En tant que Bar Mitsva, j’entre dans la communauté et suis donc à présent concerné par les droits et les devoirs de la religion juive. Cet ensemble de règles, que jusque-là j’interprétais comme des restrictions et des contraintes, je les vois à présent comme des valeurs qui me guideront et feront de moi un homme “juste”. Ce code de valeur c’est ce qui nous différencie des autres, nous oblige car Israël est un peuple choisi par Dieu.
La seconde bénédiction:
“Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion; il ne se reposera qu’assouvi de carnage, qu’enivré du sang de ses victimes!“ (Nombres, 23:24)
Cette seconde bénédiction montre qu’Israël est béni par Dieu, obligeant son peuple à faire le bien et à être pur. Mais c’est aussi ce qui lui donne la force d’être uni face à ses ennemis, et de se dresser comme
une lionne qui protège ses enfants et triompher de ses ennemis, comme nous l’avons vu après le 7 octobre.
La troisième bénédiction :
“Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob! Tes demeures, ô Israël!”, (Nombres, 24:5 ) C’est d’ailleurs une prière que l’on dit tous les jours :
מה טובו אוהלי ך יעקב
משכנותיך ישראל
Cette troisième bénédiction décrit la beauté des tentes d’Israël et leur prospérité. Les commentateurs de la Torah nous apprennent que ces tentes sont une référence aux synagogues, aux écoles et à la famille, qui sont des piliers de la religion juive. Aujourd’hui, le jour de ma Bar Mitsva, j’affirme mon appartenance au peuple d’Israel et aux valeurs de cette communauté. Je m’engage à respecter les enseignements de la Torah.
Enfin, je voudrais vous dire mon amour pour ma famille, ses valeurs et ses traditions, que vous m’avez transmises, qui me guideront toute ma vie, et qu’à mon tour je m’engage à perpétuer.