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Le livre d’Esther, un guide pour les juifs de la diaspora

Pourim 5784, par le rabbin Josh Weiner

Bien qu’elle raconte l’histoire d’il y a des milliers d’années, l’histoire d’Esther est étonnamment contemporaine. Examinons quelques discussions rabbiniques sur l’histoire de Pourim, et voyons si elles nous sont familières…

Quels étaient leurs noms ?

L’héroïne de l’histoire de Pourim est présentée comme “Hadassa, c’est-à-dire Esther”, vivant avec son cousin Mordekhaï. Pourquoi a-t-elle deux noms ? Les juifs européens ont une pratique similaire depuis des siècles – un nom pour l’extérieur, et un autre à la synagogue. Ichtar et Mardouk étaient deux dieux babyloniens importants, et avoir les noms d’Esther et de Mordekhaï, c’était peut-être un peu comme s’appeler Jean-Paul et Christine aujourd’hui.  

Que mangeait Esther au palais ?

Le Talmud (Meguila 13a) évoque le régime alimentaire d’Esther dans le palais d’Assuérus et présente trois opinions. Un rabbin affirme qu’elle a mangé de la viande cachère, un deuxième qu’elle a mangé du porc gras, et un troisième qu’elle a mangé des graines et des légumes. Aucune réponse définitive n’est donnée. Nous pouvons y voir trois modèles de juifs vivant dans une société non juive, et les difficultés d’équilibre entre les différentes attentes. 

À quoi ressemblait Esther ?

Le livre dit simplement qu’elle était “belle de taille et belle de visage… et s’attira les sympathies de tous ceux qui la voyaient.” Le Talmud ajoute que tous ceux qui l’ont vue pensaient qu’elle appartenait à leur propre peuple. Les stéréotypes mis à part, il n’y a pas une seule façon de paraître juif. Cette ambiguïté a toujours conduit les gens à projeter leurs propres fantasmes et leurs propres peurs sur les Juifs, ce qui a conduit au fétichisme et à l’antisémitisme. 

Pourquoi le roi a-t-il accepté de détruire les Juifs ?

Haman invoque le vieil argument antisémite : “Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations ; ces gens ont des lois qui diffèrent de celles de toute autre nation “. Leur crime est d’être différents. Ils ont un calendrier différent, des aliments différents, des histoires différentes, des pratiques différentes – mais ils nous ressemblent ! Assuérus aspire à l’uniformité et au pouvoir absolu, et cette allégation de différence le convainc que les Juifs sont superflus, et une menace. 

Qui gagne à la fin ?

Le livre d’Esther se termine par un fait étrange : le roi a levé des impôts sur toutes les terres de son empire. Contrairement à Pessah ou à Hanoukka, il n’y a pas de vraie victoire. Oui, Haman est détruit, ainsi que ceux qui tentent d’attaquer les Juifs, mais l’image finale est celle d’un roi fort et riche. Les Juifs sont temporairement sauvés, mais rien ne garantit qu’ils ne seront pas à nouveau persécutés.

Alors pourquoi le célébrer ?

La version pour enfants de Pourim est que nous étions en danger, puis nous ne l’étions plus, alors maintenant nous célébrons et faisons beaucoup de bruit. Une version plus adulte est que nous reconnaissons à quel point nos vies sont fragiles, précaires, rares et…. ridicules ! La plupart de l’année, nous vivons normalement, nous affrontons les défis et la beauté du monde, mais nous ne réfléchissons pas trop. Mais en ce jour, nous voyons au-delà de toute illusion, et acceptons le miracle de notre existence. Am Yisrael Haï – Cela veut dire ‘nous vivrons’, malgré tout. 

Et cette année ?

Si nous acceptons que Pourim soit éternellement pertinent, nous devons soigneusement établir des parallèles entre cette histoire et la nôtre, nos, car nous en avons beaucoup. Certes, la haine des juifs et les projections se produisent partout dans le monde, notamment ici en France, et la précarité de nos vies dans ce monde a été rendue évidente à maintes reprises. Certes, les fantasmes irresponsables de vengeance juive évoqués dans le livre d’Esther sont aussi dangereux qu’ils l’ont toujours été. Les jeûnes et les fêtes de Pourim sont sérieux, ce n’est pas une fuite de la réalité, mais une invitation à réapprendre une certaine perspective et à s’engager dans la réalité avec fierté, courage, responsabilité et rire. 

Pourim Same’ah !

[Pour ceux qui travaillent à Pourim et qui veulent savoir comment équilibrer les différents mondes, j’ai écrit un petit guide sur ce sujet l’année dernière.]

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