Par le rabbin Josh Weiner
La tradition veut que l’on étudie l’ouvrage connu sous le nom de Pirkei Avot entre Pessah et Chavouot. Pirkei Avot, “Maximes des Pères” ou “Principes majeurs”, est un ouvrage merveilleusement énigmatique, différent par son style, son contenu et probablement son auteur de tout ce qui se trouve dans la Michna.
Nos éditions imprimées comportent six chapitres, de sorte que chaque chabbat peut être consacré à l’étude d’un chapitre. C’est une bonne pratique, j’ai même pensé à lancer un groupe d’étude en ligne après Pessah, mais ça ne s’est pas fait. La prochaine fois ! En tout cas, nous pouvons peut-être utiliser cet espace pour étudier un court extrait du troisième chapitre d’Avot.
. רַבִּי שִׁמְעוֹן (נ “א יעקב) אוֹמֵר, הַמְהַלֵּךְ בַּדֶּרֶךְ וְשׁוֹנֶה, וּמַפְסִיק מִמִּשְׁנָתוֹ וְאוֹמֵר, מַה נָּאֶה אִילָן זֶה וּמַה נָּאֶה נִיר זֶה, מַעֲלֶה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִלּוּ מִתְחַיֵּב בְּנַפְשׁוֹ
Rabbi Chimôn [autre version : rabbi Yaâkov] disait : “Celui qui va en chemin, médite la Torah et interrompt son étude pour s’exclamer : “Que cet arbre est beau !” ou “que ce champ est bien labouré !”, l’Écriture le compte comme s’il était redevable de sa vie.” (Avot 3:7)
Cet enseignement est difficile. Quelqu’un marche le long du chemin, répète les traditions orales, les intériorise et y réfléchit, et est soudain frappé par la beauté du monde. Cette personne, dit cette michna, mérite de mourir. Pourquoi ? Nous pouvons alléger la force de ce jugement : c’est seulement “comme si” elle méritait de mourir, ce n’est pas une loi destinée à être prise au pied de la lettre. Mais tout de même, pourquoi ? On pourrait imaginer que la rencontre avec la beauté devrait être encouragée dans le cadre de la formation spirituelle.
Certains commentateurs ultérieurs peinent à expliquer cet enseignement. Rachi considère l’interruption comme une invitation à Satan : peut-être que la première pensée est une distraction bienvenue et une appréciation du beau monde, mais cela conduira à d’autres pensées distrayantes qui feront que l’on finira par perdre la Torah qui devrait être l’essence de la vie. Le Baal Shem Tov comprend que l’ensemble du texte traite de l’orgueil : l’arbre et le champ sont des euphémismes pour désigner le Moi, et la personne qui étudie se dit : “Comme je suis merveilleux, que je sache tant de choses.”
Je pense à l’auteur de cet enseignement, qui accordait tant d’importance à la mémoire. Quel est son nom ? En fait, nous sommes incapables de nous en souvenir. Certains manuscrits disent Chimon et d’autres Jacob. Dans la lutte entre la préservation des traditions et l’engagement dans le monde tel qu’il est, ce sont peut-être les arbres et les champs qui ont gagné. Nous nous souvenons de ses paroles mais pas de son nom, nous sommes distraits comme jamais, mais parvenons à nous accrocher aux enseignements, plus ou moins, malgré tout.
Cela m’amène à une question : que voulons-nous retenir de nos traditions, et sur quels aspects du monde voulons-nous réfléchir ? C’est une vraie question, que je pose ici en tant que rabbin d’une communauté. Quels sont les sujets sur lesquels vous aimeriez que j’écrive et que je parle ? J’ai mes propres idées, mais je soupçonne toujours qu’il y a un décalage entre ce dont je parle et la Torah que les gens recherchent vraiment.
Donc je vous invite à prendre une minute, ou plus, ou moins, et à remplir ce formulaire. Cela m’aiderait beaucoup dans mon rôle de rabbin. (Je ne promets pas de pouvoir répondre à toutes les suggestions, mais je les prendrai toutes au sérieux). Cliquez ici pour m’écrire :
Merci et Chabbat chalom !