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Le dilemme de décembre

Où se placer ?

Par le rabbin Josh Weiner

Le dilemme de décembre

Cette année, Hanoucca et Noël tombent tous deux le 25 décembre. Pour de nombreux juifs de France, cette période de fêtes concurrentes n’est pas facile à gérer. Entre les activités de Noël à l’école et les invitations d’amis et de collègues, il y a souvent un mélange de joie et de défiance, d’exclusion et d’incompréhension.

Racines historiques : l’expérience de l’hiver

Le Talmud raconte l’histoire du premier homme, Adam, qui, voyant les nuits raccourcissaient en hiver, craignit que la fin du monde ne survienne [Avoda Zara 8a]. Après le solstice d’hiver, lorsque les nuits s’allongèrent à nouveau, il fit la fête pendant huit jours. Ce potentiel de festivité, dit le Talmud, est devenu une fête différente dans chaque religion. De nombreuses cultures ont en effet une fête ou un rituel de mi-hiver.

Vivre dans des mondes multiples

La vérité est que dans la société actuelle, la plupart des Juifs vivent dans des mondes multiples et ressentent le rythme de plusieurs calendriers. Nous célébrons le nouvel an en janvier et à Tichri ; nos vacances suivent les fêtes nationales, tandis que nous essayons de prendre congé pour les fêtes juives ; nous invitons des amis non juifs chez nous et nous sommes invités chez eux. Toutes les questions d’identité doivent tenir compte du fait que nous en avons plusieurs.

Deux extrêmes – ignorer ou assimiler

Certains proposent des réponses simples au dilemme de décembre. Une solution facile serait de boycotter Noël, de faire comme s’il n’existait pas, d’empêcher les enfants de voir des pères Noël, de refuser les invitations qui surviennent. L’autre extrême, bien sûr, serait l’assimilation totale : au siècle dernier, en Allemagne et en Russie, et même aujourd’hui, de nombreux juifs avaient des sapins de Noël chez eux, pour essayer de ressembler à leurs voisins.

Nittel Nacht

Une tradition qui témoigne d’une version extrême du dilemme est la tradition est-européenne du Nittel Nacht, célébrée la veille de Noël locale (24 décembre ou 6 janvier). Le mot yiddish Nittel vient probablement du latin « natalis » et est donc étymologiquement lié au mot français « Noël ». Cette nuit a souvent été le théâtre de pogroms pour les Juifs et a été vécue comme le contraire d’une fête : l’étude de la Torah et les activités sacrées ont été découragées dans les foyers juifs, les gens restant à l’intérieur, jouant aux échecs ou aux cartes, en espérant que les choses s’arrangent.

Une réalité compliquée – être là en tant que juif

L’approche intermédiaire consiste néanmoins à accepter ces complexités. Les juifs sûrs d’eux peuvent être heureux pour leurs amis et voisins, leur souhaiter de bonnes fêtes, leur offrir des cadeaux et même se rendre aux célébrations de leur maison, sans compromettre leur identité juive. L’idéal est d’y être en tant que juif fier, sans que cette marque d’amitié ne soit un acte d’assimilation. De la même façon, notre identité n’est pas mise en danger en invitant des amis non juifs à venir célébrer Hanoucca chez nous.

Tout comme l’emplacement de la hanoukia.

Il existe un parallèle à ce débat dans les lois de Hanoucca, concernant l’endroit où placer les bougies. L’idéal est de les placer près de la porte ou de la fenêtre, pour partager fièrement la lumière sur la frontière entre l’intérieur et l’extérieur. En cas de besoin, on peut les placer à l’intérieur de la maison. Les allumer en public, comme certains le font aujourd’hui, est interdit par la plupart des rabbins – car il doit y avoir quand même un lien avec la maison.

Une fierté juive saine

L’année dernière a été particulièrement difficile pour les juifs de France, et un instinct légitime a été de s’isoler, en trouvant des espaces rassurants dans les communautés juives, qu’elles soient formelles ou informelles. Hanoucca nous rappelle de ne pas cacher notre lumière, d’avoir le courage d’illuminer le monde dans lequel nous vivons en harmonie, à l’intérieur et à l’extérieur en même temps. 

Am yisrael haï !

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