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Vayera: les trois leçons d’Abraham

Dracha prononcée par Darius à l'occasion de sa Bar Mitsva le 2 novembre 2023

Par Darius

Merci et bonjour à tous chers fidèles, chers amis, chère famille.

Nous venons de lire ensemble la parasha Vayera qui nous parle de:

 1) l’hospitalité d’Abraham ;

2) la destruction des deux villes de Sodome et Gomorre ; 

3) l’épisode de la “Akedat Yitzhak”, la ligature d’Isaac.

La première leçon que j’ai apprise, c’est l’importance de l’hospitalité, l’accueil de l’étranger. J’ai lu que les rabbins surnomment Abraham “le pilier de la bonté”.

Abraham reçoit des visiteurs qui passaient devant sa tente, dans le désert. Rachi commente qu’Abraham s’était assis exprès dehors pour saisir la chance d’offrir l’hospitalité.

Avraham leur dit : “Qu’on aille quérir un peu d’eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre. Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces”…  Mais il ne cherche pas seulement une tranche de pain ! Que propose Avraham aux visiteurs ? Des gâteaux faits par Sara, une succession de plats. Il n’arrête pas de courir et il demande aussi à Sara de se dépêcher !

Rachi dit que le plat principal offert par Abraham est de la langue de veau à la moutarde, ça m’a étonné car je me suis demandé d’où venait la moutarde car cela ne pousse pas dans le désert. Cela est sans doute un mets très rare ! Bref, il s’empresse de tout faire pour leur offrir le maximum alors qu’il est fatigué et qu’il ne les connaît même pas !

Peu après, Abraham apprend la future destruction de Sodome et Gomorrhe, pour punir les habitants car ils sont corrompus. Dans ces villes, il est interdit d’offrir l’hospitalité. “Quiconque donne ne fut-ce qu’une tranche de pain à un pauvre sera mis à mort par le feu”. Je comprends que les habitants, comme ils n’avaient pas le droit de donner aux autres, ni d’accueillir l’étranger, sont devenus égoïstes et méchants.

En revanche, Loth, le neveu d’Abraham a le sens de l’hospitalité et sera sauvé. Loth dira aux visiteurs: “Reposez vous et lavez vos pieds”, et cela fait penser bien sûr à Abraham.

Et moi, cela m’a aussi fait penser à Elkana, mon tuteur : car à chaque fois que j’allais chez lui le vendredi pour étudier la Torah, il s’empressait de m’offrir un verre d’eau, pendant que j’étudiais exactement ce passage!

La deuxième chose que je retiens, c’est la  destruction des villes de Sodome et Gomorre.

Cela m’a fait pensé au déluge, car avant dans la paracha Noa’h, il y a l’histoire de Noé et du déluge ! Et maintenant, Dieu annonce la destruction de deux villes. Certes ce n’est pas le déluge, mais quand même, c’est une destruction, et je me demande pourquoi Dieu veut détruire les villes qu’il a construites.

Et lorsque Abraham apprend la destruction des deux villes il lui répond et essaie de négocier : “Anéantirais-tu, d’un même coup, l’innocent avec le coupable ?”  Contrairement à Noé, qui, quand il a compris la menace du deluge, n’a rien dit, Abraham répond à Dieu, et remet en question le jugement divin et demande la clémence. Il plaide, il argumente pour les épargner :  “Peut-être y-a-t-il cinquante justes dans la ville : les feras-tu périr aussi? “ 

Malgré tous ses efforts, Avraham ne peut empêcher cette décision de se réaliser, car il n’y a même pas dix justes !

Le dernier épisode de la Paracha, c’est l’épisode de la Akedat-Itsḥak עקדת יצחק , la ligature d’Isaac.

La naissance d’Isaac avait été annoncée au début de la paracha à Abraham. Et  maintenant,  à la fin, Dieu lui demande de sacrifier “son fils unique qu’il aime” ?

J’ai été très étonné parce qu’ Abraham n’a rien dit. Je m’attendais à ce qu’il se révolte!!  

En effet, Abraham avait remis en cause le jugement de Dieu pour la destruction de Sodome et Gomorre, mais il ne le remet pas en cause pour son fils Isaac. Alors qu’il a tenté de défendre et de sauver des centaines de rachaïm corrompus et des voleurs, il ne tente même pas de négocier pour sauver son propre  fils ! 

Mais alors ….  pourquoi ?

  • Abraham ayant reçu Isaac comme un miracle divin, se dit-il qu’il appartient à Dieu et qu’il doit le lui rendre en quelque sorte  ?
  • Peut-être se sent-il coupable, car il a rejeté son premier fils Ismaël, et qu’il a fait une erreur ?
  • Peut-être a-t-il simplement confiance en Dieu ?

Peut-être tout ça à la fois ? Et au dernier moment, en tout cas, c’est un bélier qui a été sacrifié à la place d’Isaac (ta’hat béno) : ta’hat = en échange de, béno = du fils. Un bélier en échange d’un homme !  Pourtant ce n’est pas la même chose : un bélier et un homme !

Le bélier me fait penser à Roch Hachana, et je me dis que c’est le début de quelque chose de nouveau. C’est peut-être pour cela qu’à Roch Hachana, on souffle dans une corne de bélier ?

Et puis, il y a une autre chose que j’ai remarqué dans la paracha, c’est qu’ à chaque fois que Dieu va apparaître ou transmettre un message, il est écrit : “il leva les yeux“. 

Par exemple, il est écrit : “Comme il levait les yeux et regardait, il vit les trois anges.

Je m’interroge : pour voir Dieu, faut-il regarder vers le haut?

“Vayera” qui signifie  “Il se fit voir” : en fait, dans cette paracha, Dieu se fit voir de plein de manières différentes ! 

En conclusion, cette paracha m’a fait réfléchir :

  • sur la justice : car Abraham nous montre qu’être juste, être un “Tsadik”,  c’est donner aux autres, comme avec la tsedaka, et c’est aussi défendre les autres!
  • cela m’a fait réfléchir aussi sur la  foi en Dieu : car au début de la paracha, Abraham remet en question la parole de Dieu… mais… à la fin de la paracha, il ne la remet plus en question ! 
  • et enfin, ça m’a fait réfléchir sur l’importance de l’hospitalité. Le Talmud affirme que l’hospitalité est une si grande mitsva qu’:  “ Il est plus important d’offrir l’hospitalité que d’assister à un cours ou de saluer Dieu par la prière” (Mishna, traité Shabbat 127a).  Néanmoins, je pense qu’il y a des limites à l’hospitalité : je pense que ce qu’a fait Loth est exagéré, il a  donné ses filles pour offrir l’hospitalité.

Au final, ce que j’ai compris le jour de ma bar mistva, c’est pourquoi Abraham est le patriarche, pourquoi il est si important !  Son exemple m’a montré qu’au fur et à mesure de ma vie, si je donne aux autres, je pourrai faire confiance à Dieu, malgré la guerre et malgré les destructions.

Je pense que ce qui arrive à Abraham, en fait cela peut arriver à chacun des êtres humains. Et qui sait, peut-être qu’aujourd’hui un ange va frapper à la porte ?

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